Motivations, défis et besoins des familles d’accueil autochtones

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Conférencières :

• Lisa Ellington, professeure adjointe, École de travail social et de criminologie, Université Laval ;
  Christiane Guay, professeure titulaire, Département de travail social, Université du Québec en Outaouais.

Résumé :

La surreprésentation des enfants autochtones à toutes les étapes du système de protection de la jeunesse est un phénomène bien connu. Sur le plan pratique, celle-ci se traduit par de nombreux placements d’enfants autochtones au sein de familles d’accueil non autochtones, de façon temporaire ou permanente. Plusieurs études font état des conséquences négatives de telles pratiques, malgré la bienveillante ou la stabilité des milieux substituts: perte de l’identité culturelle, difficultés relationnelles à l’âge adulte, etc. A contrario, de plus en plus d’études soulignent les bénéfices associés au placement de ces enfants au sein de familles d’accueil autochtones, notamment parce qu’il s’appuie sur les réseaux de soutien naturels, reconnaît le droit de l’enfant à la continuité culturelle et soutient la résilience des jeunes.

Afin de favoriser ce type de placement, des modifications législatives à la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) ont eu lieu en 2016. Celles-ci établissent un ordre de priorité de placement dans lequel la famille immédiate et élargie de l’enfant autochtone est au premier rang (FAP). Les familles d’accueil régulières autochtones (FA), pouvant accueillir des enfants autochtones sans avoir de lien significatif au préalable, sont au deuxième rang. La Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis, entrée en vigueur en janvier 2020 à l’échelle du pays, réitère cet ordre de priorité de placement, lequel est renforcé par les principes de continuité culturelle et de l’intérêt de l’enfant autochtone. 

Malgré ces avancées législatives, la pénurie de FA et de FAP autochtones est un enjeu majeur au Québec. Mieux comprendre l’expérience vécue de ces familles d’accueil, en particulier leurs motivations - incluant les facteurs influençant leur décision de devenir FA/FAP et de conserver ce rôle à long terme - est d’une importance cruciale.

Notre présentation vise à rendre compte des résultats d’une étude qualitative, menée auprès de 39 familles d’accueil autochtones (principalement innues, atikamekw et inuit, résidant en communauté ou en milieu urbain) et qui a été réalisée en partenariat avec 5 organisations autochtones (Nunavimmi Ilagiit Papatauvinga (NIP), Uauitshitun (Uashat mak Mani-utenam), la communauté atikamekw d'Opitciwan, le Centre d'amitié autochtone de Québec (CAAQ) et la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik (RRSSSN)). Elle met en lumière 1) leurs motivations à devenir famille d’accueil 2) quelques défis rencontrés dans l’exercice de leur rôle et, enfin 3) quelques recommandations pour mieux répondre à leurs besoins.

Nouveau regard sur les défis de l’accueil familial : l’apport de l’éthique critique

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Conférencière :

• Marie-Pierre Joly, chargée de projet, Centre d'expertise de l'Institut universitaire Jeunes en difficulté du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal.

Résumé :

Les parents d’accueil en protection de la jeunesse occupent auprès de l’enfant accueilli un rôle à la fois gratifiant et parsemé de défi. Si la dimension parentale de leur rôle occupe la plus grande part de leur quotidien, ils évoluent au Québec comme ailleurs dans un contexte de plus en plus professionnalisé, ce qui peut engendrer pour eux diverses tensions et inconforts.

Cette conférence présente les résultats d’une thèse de doctorat qui analyse les tensions et défis de l’accueil familial sous l’angle de l’éthique critique. Suivant les résultats de l’analyse de 19 entrevues semi-dirigées avec des parents de familles d’accueil régulières, trois grands défis éthiques au cœur de l’accueil familial sont présentés : 1) répondre à la fois aux besoins de l’enfant accueilli et à ceux des autres membres de la famille; 2) partager la parentalité avec les parents d’origine; et 3) maintenir avec le personnel intervenant une collaboration centrée sur l’enfant malgré les enjeux au sein de la relation de travail. Face à ces défis, les émotions difficiles persistantes que plusieurs parents d’accueil ressentent sont analysées en fonction des concepts de dilemme éthique (Banks et Cowden, 2005) et de détresse morale (Weinberg, 2009), afin d’en offrir une nouvelle compréhension. À partir de cette analyse, des pistes seront proposées sur la manière dont l’éthique des vertus pourrait soutenir l’agir éthique des parents d’accueil et ainsi diminuer la détresse morale qu’ils risquent de rencontrer dans leur rôle.

Accompagner les parents à partir de cinq types d’expérience de placement : perspective des personnes intervenant en milieu communautaire

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Conférencière :

• Julie Noël, professeure agrégée, École de travail social, Université de Sherbrooke ;
• Deborah Ummel, professeure agrégée, Département de psychoéducation, Université de Sherbrooke.

Résumé :

L’intervention auprès des parents d’enfants placés n’est pas exclusive aux personnes intervenant à la protection de la jeunesse. Comme les parents éprouvent plusieurs difficultés ayant mené au placement de l’enfant tel la toxicomanie, la violence conjugale ou la pauvreté par exemple, les personnes qui œuvrent au sein des organismes communautaires sont aussi appelées à les accompagner. Cette communication est basée sur l’analyse de 28 entrevues semi-structurées réalisées auprès de personnes intervenant en milieu communautaire ayant accompagné, au cours de la dernière année, au moins une mère ou un père d’enfant placé. Basés sur leur perception à l’égard des émotions, des cognitions, des réactions et des actions du parent, nous présentons cinq façons différentes de vivre le placement d’un enfant. La centration de cette communication portera sur l’adaptation potentielle des pratiques d’intervention en fonction de ces cinq types d’expériences.