Équipe de recherche sur le placement et l'adoption en protection de la jeunesse
Conférences présentées dans le cadre des Conférences printanières de l'ERPAPJ (édition 2021)
Dans le cadre de sa série de Conférences printanières (édition 2021), l’Équipe de recherche sur le placement et l’adoption en protection de la jeunesse a diffusé 3 conférences thématiques. Chacune de ces conférences inclut 2 présentations d’environ 30 minutes où les plus récents résultats des travaux des membres de l’équipe sont présentés (à l’exception de la première conférence qui inclue 3 présentations).
Pour plus d’informations sur chacune des conférences (c.-à-d. : résumé, lien vers l’enregistrement vidéo, présentations PowerPoint), consultez les onglets ici-bas.
- Conférence du 17 mars 2021 - Les deux côtés du miroir : parole d'enfants et d'intervenant.e.s en manque d'amour
Les deux côtés du miroir : parole d'enfants et d'intervenant·e·s en manque d'amour
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INTRODUCTION - L’importance de créer des sanctuaires
Conférencière :
- Delphine Collin-Vézina, Ph. D., Directrice du Centre de recherche sur l'enfance et la famille, Université McGill; Psychologue clinicienne et professeure titulaire, École de travail social, Université McGill.
Résumé :
Cette courte introduction vise à présenter les principes liés aux approches attentives aux traumas. Ces approches visent à mieux répondre, d’une part, aux besoins des enfants et des jeunes placés qui ont un sac à dos lourd d’expériences de vie adverses qui affectent toutes les sphères de leur développement et, d’autre part, à ceux des intervenant.e.s qui ont le rôle délicat et complexe d’aider ces jeunes à rétablir des bases relationnelles solides tout en développant leurs compétences pour reprendre une trajectoire de vie plus normative.
DEUXIÈME PRÉSENTATION - Parle-moi d’amour : perceptions d'enfants placés en centres de réadaptation sur leur sentiment d'être aimé
Conférencière :
- Carole Côté, M. Sc. psychoéducation
Co-auteure :
- Marie-Ève Clément, Ph. D., professeure titulaire, Département de psychoéducation et de psychologie, Université du Québec en Outaouais
Résumé :
Il est difficile d’exprimer la grande complexité de l’expérience humaine sans donner une place à l’amour (White, 2016). Chaque enfant doit faire l’expérience d’une connexion émotionnelle à un autre humain pour lui assurer un développement sain (Gilligan, 2008). Peu importe le terme utilisé, les enfants placés ont besoin d’adultes sensibles qui répondent à leurs besoins et les aiment suffisamment pour qu’ils développent cette capacité à s’aimer eux-mêmes et à aimer les autres. Les enfants blessés sur le plan relationnel sont parfois difficiles à aimer en raison des expériences douloureuses vécues qui ont laissé des traces. De plus, ils font moins confiance aux adultes qui les ont négligés, abusés ou ont omis de les protéger. La présentation sera l’occasion d’aborder brièvement les résultats d’une recherche menée auprès de 20 enfants de 6 à 14 ans placés en centre de réadaptation (CR) dans un contexte de protection de la jeunesse (Côté, soumis). L’objectif principal de cette recherche qualitative était de mieux comprendre leur expérience et s’est intéressé plus précisément à leur sentiment d’être aimé par les personnes qui prennent soin d’eux au quotidien. Des entrevues individuelles semi-dirigées ont été effectuées et une analyse thématique des entrevues a été réalisée en s’appuyant sur le cadre théorique de l’attachement. Les résultats de la présente étude montrent que la majorité des enfants ne conçoit pas l’affection et l’amour comme étant au cœur du rôle des éducateurs. Le lieu de placement n’est pas vécu comme un chez moi et plusieurs enfants ne réfèrent pas à l’adulte pour obtenir réponse à leurs besoins d’affection et de réconfort. Ces résultats nous interpellent sur les pratiques actuelles et les stratégies à mettre en place afin de favoriser davantage des expériences relationnelles réparatrices. Quelques pistes de réflexion seront abordées.
TROISIÈME PRÉSENTATION - Parle-moi d’amour : La perception des intervenant.e.s en centre de réadaptation sur leurs attitudes, pratiques professionnelles et leurs sources de soutien
Conférencière :
- Delphine Collin-Vézina, Ph. D., Directrice du Centre de recherche sur l'enfance et la famille, Université McGill; Psychologue clinicienne et professeure titulaire, École de travail social, Université McGill.
Co-auteure :
- Denise Brend, Ph. D., Professeure, Université Concordia;
- Alexandra Matte-Landry, Chercheure postdoctorale, Université McGil.
Résumé :
Dans la foulée des approches attentives au trauma qui visent à rendre les milieux de soin plus sensibles et mieux équipés face aux bagages de vie de leur clientèle, de multiples initiatives ont vu le jour au Québec pour former et épauler les intervenant.e.s dans les foyers de groupe et de réadaptation. Plutôt que de se positionner comme une nouvelle approche au « goût du jour », ces formations ont visé à compléter les interventions existantes (approches psychoéducative et cognitivo-comportementale notamment) en apportant une connaissance et des outils axés sur le trauma afin de mieux répondre aux besoins des enfants et jeunes placés. Cette présentation dressera les constats d’une large programmation de recherche développée dans le cadre du Consortium canadien sur le trauma chez les enfants et les adolescents qui a évalué l’influence de ces formations sur les attitudes des intervenant.e.s envers les besoins de leurs clients et des impacts de ce travail sur eux (Collin-Vézina et al., 2020; Black et al., soumis), leur recours aux mesures de contrôle pour faire face aux comportements difficiles des enfants et des jeunes placés (Matte-Landry et Collin-Vézina, 2020, soumis) et leurs perceptions du soutien qu’ils reçoivent pour mener ce travail d’une grande complexité (Brend et Collin-Vézina, soumis). L’ensemble de ces travaux témoigne de l’importance de prendre soin des intervenant.e.s, ces donneurs de soin qui agissent comme pivot pour les enfants et adolescents en placement, et nous invite à repenser les services et les politiques en protection de la jeunesse pour offrir une place plus grande à l’amour tant pour ceux qui reçoivent les services que pour ceux qui les donnent.
- Conférence du 14 avril 2021 - Regard sur la parentalité d'accueil : défis et tensions vécus dans l'exercice de leur rôle
Regard sur la parentalité d'accueil : défis et tensions vécus dans l'exercice de leur rôle
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PREMIÈRE PRÉSENTATION - Comprendre les tensions vécues par les parents d'accueil à l'égard de leur rôle et de leur identité : l'apport de l'éthique critique
Conférencière :
- Marie-Pierre Joly, M. Sc. Travail social, Chargée de projet, Centre d'expertise de l'Institut universitaire Jeunes en difficulté, CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal; Candidate au doctorat, École de travail social, Université de Montréal.
Résumé :
Au Québec, depuis l’adoption de la Loi sur la Représentation des Ressources (2009), les parents d’accueil œuvrant en protection de la jeunesse ont un statut de travailleur, sont représentés par un syndicat et sont encadrés par un mécanisme de contrôle de la qualité des services. Ce contexte semble exacerber certaines tensions ressenties par les parents d’accueil à l’égard de leur double rôle (parent et des professionnel) et de leur identité. Par exemple : « Lorsque l’accueil met ma propre famille en péril, dois-je persévérer ou demander le déplacement? Dois-je accepter que l’enfant m’appelle maman alors qu’il a déjà des parents? Dois-je parler de mes difficultés aux intervenantes, même si je crains les représailles? ». Ces questions sont susceptibles de poser de véritables dilemmes éthiques, soit un choix entre deux alternatives également indésirables, où le choix génère un inconfort qui peut se manifester sous forme de regret, d’impuissance ou de colère (Banks, 2005). Envisagées sous cet angle, les tensions et la souffrance qu’elles engendrent gagneront à être examinées sous l’angle de l’éthique critique. Ces constats sont à l’origine de mon projet doctoral, qui propose d’aborder les tensions vécues par les parents d’accueil sous l’angle de l’Éthique des vertus. Dans le cadre du webinaire, les résultats préliminaires de mon projet seront présentés. Ils sont tirés de l’analyse de contenu thématique effectuée à partir du matériel recueilli lors d’entrevues individuelles semi-dirigées auprès de 19 parents d’accueil (familles d'accueil régulières). Ces résultats permettent d’identifier plus clairement les situations éthiquement difficiles que les parents d’accueil rencontrent dans l’exercice de leur rôle et de mieux comprendre les stratégies qu’ils utilisent pour y faire face. En conclusion, des enjeux seront abordés à propos du soutien dont les parents d’accueil ont besoin pour faire face aux situations éthiquement difficiles le plus sereinement possible.
DEUXIÈME PRÉSENTATION - Regard sur la parentalité d'accueil dans le contexte des visites supervisées
Conférencière :
- Sherlyn Louis-Jacques, Étudiante à la maîtrise, École de travail social, Université de Montréal; Travailleuse sociale, CIUSSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal.
Résumé :
Chaque fois qu’un enfant fait l’objet d’un placement, la question des modalités de contacts avec ses parents se pose. Lorsqu’il y a des inquiétudes pour l’intégrité physique ou psychologique de l’enfant lorsqu’il se retrouve seul avec son parent, la supervision des contacts par un tiers peut s’avérer nécessaire. La mise en place de visites supervisées est une pratique clinique complexe qui requiert l’implication de différents acteurs, notamment celle des familles d’accueil qui jouent un rôle de premier plan auprès des enfants qui leur sont confiés. L’objectif de cette communication est de présenter les résultats d’une étude qualitative portant sur l’exercice de la parentalité d’accueil dans le contexte des visites supervisées. Dans le cadre de cette recherche, 14 parents d’accueil ont pris la parole pour s’exprimer sur leur vécu. Ils ont été interrogés sur leur compréhension des visites supervisées, l’accompagnement qu’ils offrent à l’enfant, leur niveau d’implication dans la planification des visites supervisées et les communications qu’ils entretiennent avec différents acteurs impliqués auprès de l’enfant. Les résultats de cette étude démontrent que l’exercice de la parentalité d’accueil dans le contexte des visites supervisées comporte son lot de défis. Afin d’adresser ces enjeux, quelques pistes de réflexion concernant les pratiques en matière de visites supervisées seront présentées.
- Conférence du 12 mai 2021 - Devenir parent en adoptant à l’international : l’importance de la préparation et du soutien.
Devenir parent en adoptant à l’international : l’importance de la préparation et du soutien
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PREMIÈRE PRÉSENTATION - Les premiers moments de la trajectoire d'adoption internationale : l'expérience des parents adoptifs
Conférencières :
- Marie-Andrée Poirier, Ph. D., Professeure titulaire, École de travail social, Université de Montréal; Directrice scientifique de l'Équipe de recherche sur le placement et l'adoption en protection de la jeunesse (jusqu'à avril 2021).
- Geneviève Pagé, Ph. D., Professeure agrégée, Département de travail social, Université du Québec en Outaouais; Directrice scientifique de l'Équipe de recherche sur le placement et l'adoption en protection de la jeunesse (à partir de mai 2021).
Résumé :
Au cours des quinze dernières années, le visage de l'adoption internationale s'est transformé à travers le monde et le Québec n’en fait pas exception. Des enfants à besoins particuliers sont désormais proposés aux postulants en plus grande proportion. Les grands besoins de ces enfants renvoient généralement à la présence multiple et complexe de problèmes de santé physique, mentale ou développementale, à leur âge avancé et à leur appartenance à une fratrie. Cette nouvelle réalité fait poindre l’ampleur des défis à relever quant à l’intégration réussie de ces enfants ainsi qu’à l’aide à fournir aux familles adoptives. Il devient de plus en plus important d’accompagner les personnes qui adoptent un enfant né à l’étranger. Dans le cadre de ce séminaire nous présenterons les faits saillants d’une étude réalisée pour mieux comprendre l’expérience des parents adoptifs lors des premiers moments de cette aventure, c’est-à-dire, lors de la période préparatoire jusqu’à l’arrivée de l’enfant. La recherche a été réalisée auprès de trois catégories d’acteurs clés : des adoptants (n = 39); des professionnels spécialisés dans le domaine psychosocial ou médical qui peuvent être impliqués à une étape ou à l’autre du parcours d’adoption (n = 20) et des représentants d’organismes agréés (n = 6). Les résultats de l’étude soulignent que les parents adoptifs vivent une montagne russe d’émotions, caractérisée par de la joie intense, mais également beaucoup de stress et d’inquiétudes. Conséquemment, ils ont besoin d’être informés, guidés et validés tout au long de leur trajectoire d’adoption afin de les aider à prendre des décisions éclairées pour eux-mêmes et pour leur enfant. Les résultats de l’étude font également ressortir l’importance pour les adoptants de saisir les spécificités d’adopter un enfant par la filière internationale en s’appuyant tant sur l’expertise des professionnels que sur l’expertise expérientielle d’autres parents adoptifs. Un consensus ressort du discours de l’ensemble des répondants de l’étude: les adoptants n’ont pas accès à l’aide dont certains auraient besoin tout le long de leur parcours d’adoption. Le séminaire sera l’occasion de discuter de certaines recommandations visant à améliorer le soutien aux adoptants et à leurs enfants.
DEUXIÈME PRÉSENTATION - Le soutien des mères adoptantes à l'international : les trois premières années de l'arrivée de l'enfant
Conférencière :
- Maude Robitaille, M. Sc. Travail social.
Résumé :
À son arrivée, l’enfant adopté à l’étranger peut présenter des besoins spéciaux (O’Dell et al., 2015). Plusieurs mères adoptantes peuvent vivre des difficultés d’adaptation, de l’épuisement, de l’isolement et du stress (Martin et al., 2016). Or, en adoption, les services de professionnels sont limités (Protecteur du citoyen, 2012). Le soutien procuré par le réseau immédiat apparaît donc important (Jeannet, 2017). Cette étude s’insère dans la recherche plus large de Poirier et Pagé (2020) présenté plus haut sur l’expérience de parents adoptants à l’international. L’objectif de cette étude était de connaître le rôle du réseau immédiat (c'est-à-dire : famille, amis, autres parents adoptants fréquentés, collègues, voisins) dans le soutien apporté aux mères adoptantes à l’international, suivant les trois premières années de l’arrivée de l’enfant. Cette présentation documente les perceptions de mères adoptantes sur : 1) leurs besoins de soutien, 2) le soutien reçu et 3) leur satisfaction. 12 entrevues individuelles ont été réalisées auprès de mères adoptantes. Lors de l’étude, leur enfant avait entre 30 mois et 6 ans. Le soutien social fut le cadre conceptuel retenu, soit le modèle des effets directs du soutien social (Caron et Guay, 2005) et le modèle d’atténuation du stress (Cohen et Wills, 1985). L’analyse thématique révèle que les besoins sont d’avoir du répit, d’être écouté et encouragé. Le réseau immédiat a surtout un rôle de soutien émotionnel et informationnel et occasionnellement un rôle d’accompagnement social. Le répit est rare. D’après les participantes, leurs principales sources de soutien sont leurs parents et leur meilleure amie. Également, elles s’entourent d’autres parents ayant eux aussi adoptés. Ceux-ci se distinguent par leur excellente compréhension de l’adoption. La majorité des participantes est satisfaite du soutien reçu. Les nombreux effets positifs nommés permettent de conclure de l’importance du soutien provenant de l’entourage. Les insatisfactions sont les difficultés des proches non-adoptants à comprendre l’adoption et le manque de répit. Nous recommandons d’accompagner les mères adoptantes à exprimer leurs besoins et sensibiliser le réseau sur la parentalité adoptive internationale.