Laboratoire des troubles d'anxiété
Le trouble d'anxiété généralisée (TAG)
Selon la dernière édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), le TAG se caractérise par l’anxiété et l’inquiétude excessive et incontrôlable concernant plusieurs situations et activités. Le DSM-5 établit aussi que les inquiétudes et l’anxiété doivent être accompagnées d’au moins trois symptômes somatiques parmi les suivants : agitation ou sensation d’être survolté, fatigabilité, difficultés de concentration ou trous de mémoire, irritabilité, tensions musculaires et difficultés de sommeil. De plus, l’objet des inquiétudes et de l’anxiété ne doit pas se limiter aux manifestations d’un autre trouble à l’axe I. Un diagnostic de TAG, par exemple, ne peut être donné à une personne qui s’inquiéterait seulement d’avoir une attaque de panique (comme dans le trouble panique) ou d’être embarrassé en public (comme dans la phobie sociale). Comme pour tous les autres troubles à l’axe I, les symptômes doivent entraîner une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement dans diverses sphères de la vie.
Même si le DSM-5 circonscrit bien les symptômes du TAG, il est parfois difficile pour les thérapeutes d’identifier le TAG en se basant seulement sur les critères diagnostiques du DSM-5. Des informations additionnelles sur le portrait clinique typique des patients souffrant du TAG peuvent s’avérer utiles lorsque vient le moment de faire un choix diagnostique complexe. Les clients consultent-ils le plus souvent pour leurs inquiétudes, leur anxiété ou leurs symptômes somatiques ? Même si l’inquiétude est l’élément central du TAG, les patients souffrant du trouble consultent généralement pour leur anxiété et leurs symptômes somatiques. En effet, ils peuvent croire qu’ils sont inquiets depuis la naissance, que leur tendance à s’inquiéter est un trait stable de leur personnalité et qu’il n’y a par conséquent, aucune raison valable de parler de leurs inquiétudes à leur thérapeute. D’ailleurs, les clients souffrant du TAG font rarement mention de leurs inquiétudes à leur thérapeute à moins que ce dernier ne les questionne sur ce sujet. « Récemment, avez-vous eu tendance à vous inquiéter plus qu’à l’habitude? » est une question simple, souvent négligée par les thérapeutes lorsque les clients rapportent de l’anxiété, de la fatigue, des tensions musculaires ou des difficultés de sommeil.
Connaître les thèmes d’inquiétudes typiques des clients souffrant du TAG peut également s’avérer utile lorsque le thérapeute est confronté à des choix diagnostiques complexes. De façon générale, les thèmes d’inquiétude des individus présentant le trouble sont similaires à ceux de la population générale. A titre d’exemples, les clients souffrant du TAG s’inquiètent de leurs relations interpersonnelles, leur famille, leur maison, leurs finances, leur travail et la maladie. Toutefois, il semble qu’ils s’inquiètent davantage de thèmes mineurs et d’événements futurs improbables. Même si les thèmes d’inquiétudes des individus aux prises avec le trouble sont similaires à ceux de populations non cliniques, il existerait des différences subtiles entre les inquiétudes rapportées par les deux populations. En effet, la présence d’inquiétudes excessives sur des thèmes mineurs (ex. Si j'étais pris dans la circulation?) ou des événements futurs hautement improbables (ex. Si je faisais faillite un jour?) apparaît plus spécifiques aux individus souffrant du TAG, ce qui peut aider les thérapeutes à reconnaître ce trouble anxieux. Ceci ne veut pas dire que tous les individus aux prises avec le TAG s’inquiètent de faits mineurs ou d’événements futurs improbables, mais plutôt que peu d’individus sans TAG rapportent ce type d’inquiétudes.
La dernière caractéristique typique du portrait clinique des clients souffrant du TAG concerne leur tendance à « vivre dans le futur ». Ceci n’est pas surprenant compte tenu du fait que l’inquiétude est principalement orientée vers l’avenir. Cette tendance à « vivre dans le futur » peut toutefois entraîner une forme subtile de détresse et d’interférence dans le fonctionnement quotidien des personnes souffrant du TAG. Ainsi, les individus présentant le trouble peuvent avoir de la difficulté à « décrocher » la fin de semaine parce qu’ils s’inquiètent de ce qui pourrait arriver au travail le lundi matin.