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Vignette clinique

Anne (non fictif) est une étudiante en sciences infirmières de 22 ans. Elle habite dans un petit appartement sur le campus universitaire et semble apprécier le fait de vivre seule. Ses parents, qui vivent dans une petite ville à 200 KM de là, ont aidé Anne à s’installer au moment de son départ pour l’université en lui achetant les biens de base pour son appartement. Anne entretient une relation amoureuse stable depuis deux ans. Même si la relation connait des hauts et des bas, Anne aime beaucoup son copain et souhaite se marier avec lui un jour. La jeune femme a aussi beaucoup d’amis et est assez active socialement. Elle invite souvent des amis à souper les fins de semaines et est généralement appréciée des autres étudiant(e)s.

Anne est l’aînée d’une famille de trois enfants. Durant son enfance, elle dû s’occuper de ses deux jeunes frères, de deux et trois ans ses cadets. Lorsqu’elle avait entre cinq et dix ans, les parents d’Anne connurent des difficultés conjugales et la mère d’Anne se confia beaucoup à elle. Même si elle n’était qu’une enfant, Anne sentait le besoin de s’occuper de sa mère qui paraissait vulnérable dans le tourbillon de ses difficultés conjugales. Anne rapporte non seulement avoir du s’occuper de ses deux jeunes frères, mais aussi, jusqu’à un certain point, de sa mère. Même si Anne croyait que ses parents avaient une relation saine et qu’ils l’aimaient, elle se sentait responsable du bonheur de ses frères et de sa mère. Elle rapporte être souvent vigilante à l'apparition de problèmes et tente toujours de détecter les premiers signes de conflits entre ses parents.

Anne a toujours réussi sur le plan académique, s’autoproclamant perfectionniste, toujours à la recherche des meilleures notes. A l’école secondaire, elle parvenait continuellement à obtenir des A tout en demeurant très impliquée dans les activités parascolaires. Anne était membre de l’association étudiante, présidente de sa classe en secondaire IV et V, et membre de l’équipe de basketball à chaque année. Anne considère la période du secondaire comme merveilleuse et en garde de beaux souvenirs.

Après avoir terminé son secondaire, Anne devint incertaine de vouloir poursuivre une carrière d’infirmière et décida de prendre une année sabbatique pour travailler avant de commencer des études supérieures. Durant cette année, Anne travailla dans un magasin. Même si la jeune fille aimait son travail, elle continuait à s’inquiéter de son choix de carrière. À cette époque, ses inquiétudes n’apparaissaient pas excessives, mais Anne trouvait important de ne pas retarder son entrée à l’université de plus d’un an. Elle décide finalement de s’inscrire dans le programme de sciences infirmières d’une grande université à deux heures de route de la maison de ses parents. Durant sa première année d’études, Anne eut beaucoup de succès. Elle aimait ses cours, obtint des notes comparables à celles du secondaire et sentait qu’elle avait fait le bon choix en s’inscrivant dans le programme de sciences infirmières. Anne commença toutefois à souffrir de problèmes d’anxiété durant sa deuxième année à l’université; son anxiété connu une escalade et devint difficile à contrôler. Parvenue à sa troisième année, Anne ne se sentit plus capable de composer avec ses difficultés et décida de consulter à notre clinique.

Comme c’est souvent le cas pour les clients souffrant du TAG, Anne se plaint principalement de symptômes somatiques. De façon plus précise, elle se préoccupe du fait que ses symptômes interfèrent avec son travail scolaire. Ainsi, à cause de ses difficultés de concentration, par exemple, elle a de la difficulté à comprendre les lectures requises pour ses cours. Ses problèmes de sommeil lui cause de la fatigue, ce qui interfère aussi avec sont travail académique. De plus, les tensions constantes dans ses muscles rendent sa présence en classe désagréable. En consultant un spécialiste, Anne espérait se débarrasser de ses symptômes et ainsi retrouver son succès académique et son sentiment de bien-être. Anne n’a pas jugé nécessaire de faire part de ses inquiétudes à son thérapeute, car elle ne croyait pas qu’elles contribuaient à ses difficultés, encore moins qu’elles représentaient l’élément central de son problème.

Lorsque le thérapeute demande à Anne si elle avait été particulièrement inquiète au cours des derniers mois, cette dernière fondit en larmes. Anne explique alors que durant la dernière année, elle s’inquiétait « toujours » pour ses parents. Depuis que la mère de sa meilleure amie est décédée d'un cancer du sein l’année précédente, elle s’est mise à s’inquiéter du fait que sa mère, pourtant en parfaite santé, pourrait développer un tel cancer. Il fallut peu de temps pour qu’elle commence à s’inquiéter de la santé de son père également, s’imaginant qu’il pourrait développer une forme de cancer lui aussi. Ces inquiétudes relatives à la santé de ses parents se sont progressivement aggravées durant la dernière année, si bien qu’Anne passe maintenant en moyenne cinq heures par jour à s’inquiéter du fait que ses parents pourraient développer un cancer. Lorsque le thérapeute lui demande si elle s’inquiète pour d’autres sujets, elle répond qu’elle a commencé à s’inquiéter « à propos de tout ». À titre d’exemple, elle peut s’inquiéter de ses travaux scolaires, sa relation avec son copain et d’une foule de petites choses, telles que d’arriver en retard à ses cours ou avoir assez de temps pour tout faire durant la semaine. Même si au départ Anne ne consultait pas pour des inquiétudes excessives et incontrôlables, il apparaissait évident quelle souffrait du TAG

Extrait traduit de:
Dugas, M. J. (2002). Generalized anxiety disorder. In M. Hersen (Ed.), Clinical behavior therapy: Adults and children (pp. 125-143). New York: John Wiley & Sons.