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Tempes, une publication de Nathanaël

Tempes 

Arriver à l’écriture depuis une écriture disparue, celle qui n’a pas lieu si ce n’est gravement dans les écorces creusées et les roches lâchées par quelque falaise. Alors, pour lui arriver, pour arriver en elle, il y a exigence de « s’avancer vers le dedans », d’aller plus avant et plus fond dans le retrait nommé silence. 

Décliné en trois temps plus un, Tempes s’interroge quant aux solitudes léguées par l’écriture, et à celles profondément inscrites dans les couches volcaniques d’une île. 

 

Dans la lave il y a le mouvement de l’eau 

le surgissement de la voix 

la chute de la pierre 

les strates de perdition 

les soleils noyés de feu 

la houle 

             et les éboulements. 

 

Tempes s’envisage comme une concertation en trois temps plus un, 

chacune disant à la fois le bord et le bordage 

l’abord et la dissolution 

le largage d’une histoire de noyades. 

 

Si le marqueur (la marqueuse) se retrouve « seule et sans écriture » c’est bien parce que l’écrit est maintes fois dissimulé dans les corps échoués. 

Ainsi Tempes est un enchevêtrement de commencements, qui d’horizon en horizon, ne se veulent point une fin, mais un accord du plus sensible au plus sensible jusqu’à éblouissement. Et la question, toujours pressante : l’écriture, est-elle capable, d’une telle métamorphose ? 

Surtout si, comme l’affirme Maryse Condé, « l’écrivain n’est rien ». 

De ce rien, qui est aussi une solitude, ainsi qu’une façon de déplacer son corps eu égard aux mondes, se compose un début de liberté. 

Nathanaël                                               

 

 

Nathanaël est l’auteure de plus de quarante livres écrits en français ou en anglais. Poète, essayiste, et photographe accidentelle, elle a reçu plusieurs distinctions, dont le Prix Alain-Grandbois (Qc) pour …s’arrête ? Je, le Publishing Triangle Award (USA) pour The Middle Notebookes, le Prix International de Poésie de l’Académie Claudine de Tencin (Fr) pour L’heure limicole et le Prix international de l’invention poétique (Mk) pour Tempes. Son travail a par ailleurs été récompensé par les bourses du PEN American Center, du Centre National du Livre de France, du Conseil des Arts du Canada, de Terre d’Arts / ETC Caraïbe.

Nathanaël a également une grande activité de traduction, par exemple des ouvrages de Maryse Condé, d’Édouard Glissant, de Monchoachi, de Catherine Mavrikakis, Frédérique Guétat-Liviani, Chantal Neveu, Hilda Hilst (cette dernière en collaboration avec Rachel Gontijo Araújo). Elle a travaillé au sous-titrage en anglais du film Monchoachi La Parole Sovaj d’Arlette Pacquit, avec qui elle prépare un livre d’entretiens, Andidan.

Associate Professor, Adj. dans le programme Low Residency MFA de la School of the Art Institute of Chicago, Nathanaël s’est vue attribuer le titre honorifique de Professeure Associée par l’École des Arts et Cultures de l’Université du Québec en Outaouais en 2023.


Entretien entre Nathanaël et Erika Govindoorazoo, RCI Martinique, 30 mai 2024: https://legsedition.net/public/2024/05/31/la-page-nathanael/