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Chaire Senghor de la Francophonie de l'UQO

Programmation

Programmation générale

La Chaire Senghor de l’UQO se définit comme un espace de réflexion universitaire sur la Francophonie dans sa dimension internationale. Outre le développement de recherches axées sur la Francophonie dans le développement des communautés à l’échelle internationale, la Chaire de l’UQO entend se spécialiser dans la mobilisation des connaissances et l’offre de tribunes de débat aux échelles régionales, nationales et internationales. C’est dans cet esprit que la Chaire élaborera une programmation où, en plus de la recherche que nous avons précédemment traitée, l’on retrouvera :
  • une contribution pédagogique (par exemple, un cours sur la Francophonie dans le cadre de la maîtrise en sciences sociales du développement - actuellement en processus d’approbation -, un cours, ou une partie de cours, dans le secteur des études langagières, des séminaires à l’intention des étudiants inscrits aux cycles supérieurs);
  • des activités de diffusion scientifique et de débats publics (par exemple, un colloque sur l’héritage de Camille Laurin (père de la loi 101), des séminaires sur la pensée de Senghor et les valeurs sociales qui traversent encore aujourd’hui les perspectives de développement en Afrique);
  • un plan de diffusion écrite (articles scientifiques et de vulgarisation, etc.) dont une nouvelle collection Chaire Senghor de la Francophonie au sein des cahiers de l’ARUC-ISDC;
  • un site Internet;
  • un fonds documentaire proposé à la bibliothèque pour soutenir les enseignements sur la Francophonie;
  • des activités grand public diversifiées pour faire connaître Senghor et son apport à la Francophonie (par exemple des dîners-causeries, des soirées thématiques ouvertes au public).

Programmation de recherche

Les orientations choisies ont le souci de s’inscrire en convergence et complémentarité avec les orientations thématiques et le dispositif de recherche mis en place, depuis sa création, par l’ARUC-ISDC. La Chaire compte établir un programme de recherche en trois axes que nous résumons ici succinctement.

Axe 1 : Penser la Francophonie des Amériques

Si le mot francophonie a été forgé par le géographe Onésime Reclus (France, Algérie et colonies, 1880), c’est à Senghor que l’on doit de l’avoir popularisé et de l’avoir véritablement érigé en concept en le définissant dans la revue Esprit (novembre 1962). « Francophonie, c’est cet Humanisme intégral, qui se tisse autour de la terre : cette symbiose des “énergies dormantes” de tous les continents, de toutes les races qui se réveillent à leur chaleur complémentaire ». Senghor fait rimer la francophonie avec la « libérophonie ». C’est la « fille de la liberté et sœur de l’indépendance rassemblant, autour de la langue française, les anciennes colonies françaises ».

Sans rien enlever à la pertinence du projet de Senghor, force nous est de constater que la vision qu’il avait de la Francophonie ne correspondait pas à l’époque (et du reste ne correspond pas encore de nos jours) à la réalité sociale et politique vécue par les communautés francophones au sein des Amériques. Les grands mythes fondateurs de la Francophonie nous offrent peu de recours conceptuels pour nous aider à définir ce qu’est, si tant est qu’elle existe réellement, la francophonie des Amériques. D’une certaine manière, la francophonie des Amériques est orpheline au sein de la Francophonie internationale. Elle est en quête d’une meilleure connaissance phénoménologique et sociographique d’elle-même.

La francophonie des Amériques: un nouvel objet d’étude scientifique ?

On peut clarifier trois acceptions du mot francophonie, en partie synonyme mais surtout complémentaires en ce que chacune correspond à un aspect de la pluralité francophone : 1) La Francophonie, soit l’ensemble des États et des pays regroupés sur une base politique et qui participent aux Conférences des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage (Sommet de la Francophonie) ; 2) La francophonie, soit l’ensemble des personnes qui utilisent le français dans différentes situations et à des degrés divers; et 3) L’espace francophone, soit cette réalité non exclusivement géographique, ni même linguistique, mais surtout culturelle,  réunissant tous ceux et celles qui, peu ou prou, partagent cette communauté d’esprit inhérente à leur appartenance à la langue française et aux cultures francophones. La francophonie des Amériques relève davantage des deux dernières définitions. Fortement structurée à sa base, la francophonie des Amériques souffre cependant d’un vide de gouvernance. Il n’y a pas à ce jour de structure de représentativité continentale regroupant les 35 millions de francophones et francophiles, en provenance des 35 pays souverains et 19 territoires qui composent les Amériques.

Le concept de francophonie des Amériques n’a quant à lui pas encore débouché sur une tradition scientifique clairement établie et différenciée d’objets de recherche qui lui sont étroitement apparentés, mais néanmoins distincts, tel que les questions acadienne, canadienne-française ou encore franco-américaine.

Cet objet de recherche novateur et inédit nous démarque radicalement des autres groupes de recherche sur la Francophonie existant au Québec et au Canada. Nous avons déjà acquis une reconnaissance de la communauté scientifique à cet égard par l’organisation d’une Université d’été sur ce thème en 2010, événement qui a regroupé une vingtaine de chercheurs de par les Amériques qui fut réalisé en collaboration avec le Centre de la Francophonie des Amériques (CFA) et les Hautes études internationales (HEI) de l’Université Laval.

Le professeur Michel Filion dirige les travaux de l’axe 1.

 Axe 2 : Penser les politiques publiques du développement

Sans renoncer à sa mission culturelle et politique, il y a lieu aujourd’hui de reconnaître que l’un des principaux défis de la Francophonie est de penser le développement de la richesse en contexte de précarité. Comment ne pas se poser cette question, alors que 52 % de la Francophonie est aujourd’hui africaine et que ce pourcentage ira en s’accroissant dans les décennies à venir?

Un grand nombre d’économistes et de sociologues ont démontré que la création de la richesse ne passe pas seulement par la production de biens et de services, mais encore et peut-être surtout par la structuration de nouveaux rapports sociaux, rapports dont la Francophonie, comme espace de préférence, pourrait être le vecteur. La Francophonie regorge de succès (micro et macro) économiques qui méritent d’être partagés, en outre au moyen d’études de cas, comme l’a fait a plusieurs reprises notre collègue Yao Assogba, dans différents livres publiés aux PUL.

Plus globalement, l’axe 2 s’inscrit dans ce contexte de remise en question de cinquante ans de promesses de prospérité pour tous, non tenues en outre envers les pays en voie de développement. Le principal objectif scientifique de l’axe 2 est de générer des travaux de recherche portant sur l’incidence des politiques publiques (qu’elles soient locales, nationales ou internationales) sur le développement des collectivités et plus particulièrement de mettre en lumière les nouvelles pratiques sociales et les innovations institutionnelles qui découlent de la mise en œuvre des politiques publiques en matière de développement.

Le professeur Ndiaga Loum dirige les travaux de l’axe 2.

 Axe 3 : Penser la culture comme fondement du développement

L’Axe 3 a pour objet l’étude des liens entre la culture et le développement au sein de la francophonie. En prenant pour point de départ l’étude de l’œuvre et de la pensée senghorienne, sans oublier les discours contestataires de ses détracteurs, l’équipe examinera les transformations de ces discours et leur impact sur l’évolution des produits culturels francophones contemporains, ainsi que leur place dans les schémas de développement. La relation autochtonie-francophonie, jusqu’ici peu abordée par la documentation scientifique, est un thème développé dans cet axe. Mentionnons que la Chaire Senghor de la Francophonie a paraphé un protocole de collaboration avec la Chaire de recherche du Canada sur la gouvernance autochtone du territoire dirigée par le professeur Thibault Martin.

La professeure Bernadette Kassi du Département d’études langagières dirige les travaux de l’axe 3.