Nouvelle publication du professeur della Faille
Le professeur Dimitri della Faille vient de publier un nouvel article dans la revue les Cahiers du CIÉRA. Dans un numéro spécial intitulé « Genres et identités : perspectives autochtones contemporaines » sous la direction de Raphaël Preux et Émile Duchesne, le professeur della Faille a co-écrit un article avec Freaky, une artiste autochtone en modifications et suspensions corporelles sur crochets. Dans cet article, il s’agit de réfléchir à la place d’une artiste autochtone, qui a grandi sur une réserve du centre du Québec, dans un milieu sous-culturel majoritairement masculin et réputé pour son appropriation du patrimoine culturel et matériel des Premières nations. L’article est intitulé « Modifications et suspensions corporelles : réflexions d’une jeune artiste autochtone sur les pratiques de décolonisation ». L’article évoque les difficultés, défis et succès rencontrés par Freaky qui l’ont mené à adopter une perspective de conciliation et d’éducation communautaire.
Résumé
Dans cet article, les auteurs partageront leurs échanges à propos de l’expérience de Freaky, d'une Nation autochtone du centre du Québec, pratiquante de suspension sur crochets comptant environ 15 ans d'expérience ayant travaillé sur plusieurs projets et performances à l’international. Il s’agit, avec le récit de Freaky, de comprendre comment la construction d’une identité de genre et sexuelle pour une femme d’une Première Nation d’Amérique du Nord peut réconcilier une certaine appropriation culturelle tout en étant confrontée à un milieu principalement masculin et peu mobilisé politiquement.
Les « primitifs modernes » sont un mouvement culturel qui a émergé vers la fin des années 1960 aux États-Unis. Ce mouvement, maintenant mondial, est organisé autour de différentes pratiques de modifications corporelles telles les scarifications, tatouages mais aussi les suspensions sur crochets. Les adeptes de ce mouvement remettent en question certains dogmes autour de la corporalité, la spiritualité, la sexualité et de l’identité de genre. Ces adeptes revendiquent l’accès privilégié à un savoir ancestral dit « primitif » ou « tribal ». Les séances de modification corporelle des primitifs modernes ont, dans leurs aspects rituel et spirituel, emprunté largement aux Premières Nations d’Amérique du Nord. Et ce, bien qu’aucun des fondateurs de ce mouvement ne soit identifié à une Première Nation. On peut classer ces pratiques sous la catégorie d’appropriation culturelle dans les sociétés de colonie de peuplement (« settler colonial societies »). Dans cet article, nous abordons ainsi plusieurs des défis et problèmes éthiques pouvant en résulter d’une participation à de telles pratiques qui peuvent, entre autres, contribuer à pérenniser une image folklorique des traditions autochtones par les « primitifs modernes ».
Dimitri della Faille et Freaky (2022) « Modifications et suspensions corporelles : réflexions d’une jeune artiste autochtone sur les pratiques de décolonisation », Cahiers du CIÉRA, numéro 20, avril 2022, pp. 92-108.