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Otilia Puiggros, nouvelle docteure en sciences sociales appliquées

 

Otilia Puiggros del Carmen a récemment soutenu avec succès sa thèse de doctorat en sciences sociales appliquées.

La thèse de la candidate s’intitule « La participation à la gouvernance territoriale des Kichwas de la province du Chimborazo en Équateur : les chemins de l’action historique dans le canton de Guamote ». Dans sa thèse Otilia Puiggros s’est penchée sur la création d’institutions politiques hydrides où Autochtones et non-Autochtones partagent les responsabilités afin de soutenir le développement territorial tout en respectant la cosmovision et les aspirations autochtones.

La thèse d’Otilia Puiggros a été supervisée par le professeur Dimitri della Faille, directeur de recherche depuis 2017 à la suite du décès du professeur Thibault Martin. Le jury de thèse était composé de Guy Chiasson, du département des sciences sociales de l’UQO, de Nora Nagels de l’Université du Québec à Montréal et de Andrea Álvarez, de l’Universidad de Tarapacá de Arica au Chili. La soutenance a eu lieu en présence de la Doyenne des études, Hélène Forget. Nous saluons la persévérance et le cheminement hors du commun d’Otilia Puiggros. À 75 ans, elle devient la doyenne des personnes ayant obtenu un doctorat en sciences sociales appliquées à l’UQO. Réfugiée politique, Otilia a fui deux dictatures en Uruguay et au Chili pour ensuite s’installer au Mexique. Elle est par après arrivée au Québec et elle a aussi vécu en Afrique où elle a mené une carrière dans le développement.

En raison des conditions sanitaires actuelles, la soutenance a eu lieu sur Zoom.

Voici le résumé de la thèse :

Depuis l’invasion espagnole, les Peuples et Nations indigènes de l’Équateur ont remis en question les cadres juridiques imposés, résistant, négociant, et parfois, créant des institutions hybrides qui agissent en respect de leur statut de Nations à part entière et en intégrant les savoirs et valeurs ancestraux dans les institutions légales et les cadres juridiques. À travers cette recherche, nous nous penchons sur les motivations qui ont poussé le Peuple Kichwa, à Guamote dans la province du Chimborazo en Équateur, à créer un système de gouvernance formé de plusieurs institutions, dont l’innovation a été le Parlement Indigène et Populaire de Guamote. Ce système de gouvernance, qu’ils appellent « gouvernement communautaire », a constitué un modèle pour d’autres régions de l’Équateur et d’Amérique latine. En raison de son succès, il a été étudié à partir de diverses perspectives (notamment marxistes, modernistes ou essentialistes) qui ont injustement négligé l’agentivité de l’acteur ainsi que sa réflexivité. Dans nos rencontres avec les acteurs qui ont participé à la création et au fonctionnement de cette institution, nous avons dialogué dans une perspective décoloniale afin de comprendre et de pouvoir transmettre leurs savoirs et leurs principes basés sur la cosmovision du Peuple Kichwa des Andes. Entre autres questionnements, nous avons examiné les relations de genre et les relations inter-ethniques, chaque type de relations ayant été bouleversé par la conquête de l’Amérique. Ainsi, les acteurs du terrain nous ont livré leurs perceptions des effets du nouveau système de gouvernance territoriale sur le rétablissement de l’harmonie communautaire ainsi que des différences entre le concept occidental de développement et leur cosmovision.