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Les professeures Baril et Trottier collaborent à une étude sur le consentement, les mythes et préjugés liés à l’agression sexuelle

Deux professeures de l’UQO, Karine Baril et Dominique Trottier, du Département de psychoéducation et de psychologie, ont collaboré à une étude inédite sur le consentement sexuel, mythes et préjugés liés à l’agression sexuelle et les perceptions de la population québécoise.


La professeure Baril a codirigé l’étude intitulée Interroger la complexité du consentement sexuel chez la population québécoise de 15 ans et plus et la recherche a été menée par la professeure Manon Bergeron de l’UQAM et sa Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur.
 

 

Les résultats de l’enquête ont été dévoilés, le 4 juin 2025, lors d’un point de presse à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). (Photo courtoisie de la Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur)

L’objectif de l’étude est de sensibiliser la population québécoise, incluant les jeunes de 15 à 25 ans et contribuer à mieux prévenir les violences sexuelles.

Pour lire l'étude

Article Journal de Montréal - 5 juin 2025

Entrevue Karine Baril - Sur le vif - Radio-Canada - 4 juin 2025
 


Les professeures Baril (à droite, sur la photo) et Trottier se spécialisent dans les violences sexuelles et collaborent à la chaire de recherche de Manon Bergeron. La chercheuse Sandrine Ricci de l’UQAM a également collaboré à l’étude.

Celle-ci aborde les questions suivantes : est-ce acceptable de négocier une proposition sexuelle après un refus? Les femmes utilisent-elles les accusations d’agression sexuelle pour se venger des hommes? Quand les femmes vont à des fêtes en portant des vêtements jugés provocateurs, cherchent-elles l’attention sexuelle de la part des hommes ? Ces questions, qui reflètent des attitudes et mythes persistants entourant l’agression sexuelle, ont été au cœur d’une étude en deux volets, menée par la Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur (VSSMES) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et soutenue par le gouvernement du Québec/Secrétariat à la condition féminine.

Faits saillants 

Attitudes face au consentement sexuel

Les résultats révèlent que, si les attitudes générales de la population québécoise témoignent d’avancées encourageantes, certains enjeux demeurent préoccupants. « L’analyse des données met en lumière des écarts importants qui subsistent selon le genre : les femmes sont plus nombreuses à exprimer des attitudes positives, tandis que les hommes se distinguent par des positions moins favorables », souligne Manon Bergeron, professeure à l’UQAM et co-chercheure de l’étude.

• 1 personne sur 4 se montre en accord ou neutre avec l’énoncé : «C’est parfois correct de ne pas demander le consentement sexuel» (20 % des femmes contre 27 % des hommes).

• 1 personne sur 8 adopte une posture ambiguë ou favorable face à l’énoncé : « Si une proposition sexuelle est faite et que le ou la partenaire dit " non ", c’est correct de continuer à négocier la proposition ». Une proportion nettement plus élevée d’hommes (18 %), comparativement aux femmes (7 %) manifeste une absence de rejet clair face à cette affirmation.

 

Mythes et préjugés liés à l’agression sexuelle

Les résultats de l’étude montrent une adhésion marquée à certains mythes et préjugés qui compromettent la reconnaissance sociale et institutionnelle de l’agression sexuelle, notamment ceux qui remettent en question la crédibilité des victimes.

 « Les croyances qui recueillent les niveaux d’adhésion les plus élevés sont celles qui véhiculent le mythe de la femme menteuse qui accuserait injustement un homme d’agression sexuelle. Cette idée s’appuie sur la présomption que les fausses allégations sont fréquentes, ce qui va pourtant à l’encontre des connaissances établies sur la question », observe Karine Baril, professeure à l’UQO et co-chercheure de l’étude.

 

Quelques résultats évocateurs : 

• À peine un peu plus du tiers des personnes répondantes (35 %) rejette complètement l’affirmation « Les accusations d’agression sexuelle sont souvent utilisées comme une façon de se venger des hommes ».

• 79 % des hommes n’expriment pas un rejet total face à l’affirmation « Si une femme initie des baisers ou des caresses, elle ne devrait pas être surprise si un homme assume qu’elle veut avoir une relation sexuelle » (contre 53 % des femmes).

• 77 % des hommes ne rejettent pas totalement l’idée selon laquelle « Les accusations d’agression sexuelle sont souvent utilisées comme une façon de se venger des hommes. » (contre 53 % des femmes).

 

Groupes sociaux plus vulnérables à l’adhésion aux mythes 

Les hommes adhèrent davantage aux mythes sur l’agression sexuelle que les femmes. Ils présentent systématiquement des niveaux d’adhésion plus élevés à l’ensemble des catégories de mythes mesurés, qu’il s’agisse de ceux qui rejettent la faute sur les personnes victimes, ceux qui déresponsabilisent les agresseurs, ceux qui minimisent la gravité des actes ou encore ceux qui remettent en question la crédibilité des femmes victimes.

Autre constat préoccupant : les personnes âgées de 15 à 25 ans ainsi que celles de 66 ans et plus présentent des niveaux d’adhésion plus élevés à plusieurs catégories de mythes sur l’agression sexuelle, comparativement aux autres tranches d’âge, notamment ceux énoncés plus haut, qui tendent à : 

• Déresponsabiliser l’agresseur
• Remettre en question la crédibilité des femmes victimes d’agression sexuelle 

 

Un appel à renforcer la sensibilisation

« Ces résultats soulignent l’importance d’intensifier les efforts de sensibilisation et d’éducation sur le consentement sexuel et la violence sexuelle, afin de favoriser une culture du respect », concluent les professeures Manon Bergeron et Karine Baril. 

Échantillon

L’étude repose sur un échantillon représentatif de la population québécoise de 1 222 personnes âgées de 15 ans et plus, ayant répondu à un questionnaire en ligne. Les données comparatives selon le genre excluent les personnes s’identifiant aux minorités de genre, en raison de leur trop faible nombre dans l’échantillon pour garantir la robustesse statistique.

 

À propos de la Chaire de recherche VSSMES

Depuis sa création en octobre 2018, la Chaire de recherche VSSMES de l’UQAM a pour mission de contribuer à la prévention des violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur au Québec et au Canada, grâce à l’observation, à l’évaluation et à la mobilisation. La Chaire de recherche est financée par le ministère de l’Enseignement supérieur.

 

Références des rapports de recherche : 

Manon Bergeron, Ihssane Fethi, Karine Baril, et Mélanie St Hilaire (2025). Sondage sur les attitudes face au consentement sexuel de la population québécoise âgée de 15 ans et plus – Rapport synthèse. Montréal (QC), Canada : Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur, Université du Québec à Montréal.

Karine Baril, Dominique Trottier, Manon Bergeron, et Sandrine Ricci (2025). L’adhésion aux mythes et préjugés sur l’agression sexuelle chez les Québécoises et Québécois de 15 ans et plus – Rapport synthèse. Montréal (Qc), Canada : Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur, Université du Québec à Montréal.