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Le rôle de l'industrie de la construction pour assurer la diversité et la résilience des forêts

Le rôle de l'industrie de la construction pour assurer la diversité et la résilience des forêts

 

Une analyse de l'ensemble du système forestier est nécessaire pour l’adaptation des forêts et de l’industrie de la construction aux changements climatiques, selon une étude cosignée par le professeur Christian Messier à l’Institut des sciences de la forêt tempérée (ISFORT-UQO) et spécialiste de l’aménagement forestier.

 

« Il s'agit d'une rare étude qui lie écologie forestière et construction des bâtiments et qui démontrent que l'industrie de la construction pourrait diversifier les types de bois qu'elle utilise dans la construction afin d'encourager une diversification des forêts », explique le professeur Messier, titulaire de la Chaire du Canada sur la résilience des forêts face aux changements globaux.

Les résultats de l’étude viennent d’être publiés dans la revue PNAS Nexus. Il s’agit d’une publication scientifique en libre accès axée sur la publication de recherches originales de haute qualité dans les domaines des sciences biologiques, médicales, physiques, sociales et politiques, ainsi que de l'ingénierie et des mathématiques.
 

Le professeur Christian Messier, spécialiste de l'aménagement forestier et titulaire de la Chaire du Canada sur la résilience des forêts face aux changements globaux.


 

Agents de changement

Grâce à la sélection et à l'utilisation des produits du bois, les constructeurs et l'industrie de la construction sont des agents de changement clés dans les écosystèmes forestiers, peut-on lire.

Le bois fournit de nombreuses fonctions dans les bâtiments, de la structure à l'enceinte et à l'isolation, et il est de plus en plus utilisé dans les efforts mondiaux pour décarboniser l'industrie de la construction grâce à la mise en commun du carbone dans les bâtiments en bois, explique les auteurs de l’étude.

Traditionnellement, cette demande de bois a augmenté la pression sur les forestiers pour qu'ils plantent que quelques espèces qui maximisent les rendements, ce qui a entraîné l'homogénéisation des écosystèmes forestiers.

Pourtant, la diversité est essentielle à la résilience des forêts dans un climat changeant. Peter Osborne, étudiant au doctorat en architecture à l’Université McGill, qui cosigne le texte a étudié l'impact des changements climatiques et des nouvelles pratiques d'aménagement forestier qui favorisent la résilience et l’adaptation sur l'industrie de la construction en bois et la façon dont les constructeurs pourraient s’adapter aux nouvelles pratiques forestières.

En se concentrant sur la forêt tempérée du sud-est du Canada, les auteurs ont classé les espèces d'arbres en fonction de leurs traits écologiques dans diverses applications de construction. Ils ont constaté que de nombreuses essences de résineux actuellement utilisées dans la construction (comme l’épinette) ne sont pas bien adaptées aux changements climatiques et autres perturbations biotiques, tandis que d'autres résineux comme le mélèze laricin et les essences de feuillus comme l'érable rouge, le chêne et l'orme, pourraient aider à rendre les forêts de la région plus résilientes.

Le regroupement de ces espèces d'arbres en quelques groupes fonctionnels basés sur des caractéristiques de construction similaires peut considérablement simplifier la capacité des constructeurs à choisir un mélange approprié de bois à utiliser dans les futurs bâtiments.

Les panneaux de bois lamellé-croisé d'espèces mixtes, l'isolation en fibre de bois et d'autres produits du bois d'ingénierie sont des exemples qui peuvent utiliser une variété d'espèces comme matières premières pour soutenir la résilience écologique des forêts et maximiser leur diversité fonctionnelle. Les auteurs préconisent une approche axée sur les besoins d’augmenter la résilience et l’adaptation des forêts aux changements climatiques et autres perturbations biotiques pour spécifier les essences de bois dans les prescriptions forestières et les bâtiments en bois.

L’étude du professeur Messier et ses collègues est publiée en anglais sous le titre : A trait-based approach to both forestry and timber building can synchronize forest harvest and resilience.

 

Le 31 août 2023