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Une étude révèle les meilleures pratiques d'entaillage pour améliorer le rendement acéricole

 

Selon une étude menée par la Chaire de recherche du Canada en économie écologique,  l’Institut des sciences de la forêt tempérée (ISFORT) de l’Université du Québec en Outaouais et le Centre de recherche, de développement et de transfert technologique acéricole inc (Centre ACER), en collaboration avec l’Université Harvard, des pratiques d’entaillage de l’érable à sucre et de l’érable rouge pourraient favoriser une récolte durable de la sève d’érable en contexte de crises climatiques et de la biodiversité.

 

L’étude, intitulée « On the importance of tap and tree characteristics in maple sugaring », a été publiée cette semaine dans le Journal Forest Ecology and Management.

« Les activités acéricoles seront affectées par les changements climatiques et le déclin de la biodiversité au cours des prochaines années. Dans cette perspective, des constats et recommandations fondés sur la science peuvent aider les producteurs et productrices acéricoles à adapter leurs pratiques d’exploitation et de gestion forestière », partage Tim Rademacher, stagiaire postdoctoral à l’UQO et chercheur au Centre ACER.

Les chercheur.euse.s ont compilé plus de 15 000 données de coulées à travers la distribution de l’érable rouge et de l’érable à sucre permettant ainsi de confirmer ou d'infirmer des présuppositions des bonnes pratiques d’entaillage. Dix régions acéricoles au Canada et aux États-Unis, incluant Saint-Émile-de-Suffolk, dans la Petite-Nation, en Outaouais, sont incluses dans l’étude.
 

L'étude a été menée par Tim Rademacher, stagiaire postdoctoral à l’UQO et chercheur au Centre ACER. Les professeurs Jérôme Dupras et Sylvain Delagrange, ci-dessous, font également partie de l'équipe de chercheurs.

 

Les chercheur.euse.s se sont notamment penché.e.s sur la hauteur de l’entaille et le nombre d’entailles.

Nos résultats indiquent que le site, l’espèce et la taille de l’arbre sont les trois principales sources de variabilité en ce qui concerne le rendement en sève et la concentration en saccharose de la sève.

Les résultats révèlent que les facteurs les plus importants pour déterminer le rendement à l’entaille sont la localisation du site ainsi que les caractéristiques de l’arbre, notamment sa grandeur et son espèce. Quant à l’entaillage, l’étude démontre qu’une entaille additionnelle à la chaudière permet une augmentation de la récolte de sève d’érable d’environ 20 à 30 %, des résultats inférieurs à la croyance populaire dans le domaine acéricole. En ce sens, dans une perspective d’entaillage durable, il faut considérer qu’une entaille additionnelle est également une blessure additionnelle pour l’arbre ce qui pourrait compromettre la récolte future.

« Notre étude démontre, entre autres, que certaines pratiques acéricoles usuelles ne permettent pas d’améliorer le rendement à l’entaille ou qu’elles ont un effet moins important qu’anticipé. Ces résultats permettront d’orienter les pratiques d’entaillage des producteurs et productrices acéricoles en contexte de changements climatiques », affirme Jérôme Dupras, professeur et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique.

Les résultats obtenus révèlent également que l’orientation de l’entaille n’a pas d’effet sur la récolte de sève. Ceci infirme la croyance que, dans certaines régions plus au nord de la province, l’entaille doit être orientée au sud afin d’assurer une bonne récolte. Les résultats de l’étude ont confirmé que les érables rouges donnent légèrement moins de sève, qui est aussi moins sucrée que celle de l’érable à sucre, mais les différences sont minimes.

« Malgré l’importance de cette pratique au Québec, il reste beaucoup à apprendre au sujet de la coulée printanière et des facteurs qui l’influencent. Un article comme celui-ci est un grand pas dans la bonne direction pour aider à démêler l'anecdotique de l’essentiel et identifier les pistes de recherche », mentionne Sylvain Delagrange, professeur et chercheur à l’ISFORT.

En effet, les chercheur.euse.s constatent qu’il y a peu d'études et de données sur les facteurs biophysiques influençant le rendement à l’entaille. Plusieurs questions demeurent au sein de la communauté scientifique et acéricole. Pour avancer sur ces questions, l’équipe de la Chaire organise un colloque sur les érablières dans un environnement en mutation les 8 et 9 mai 2023 à Montréal dans le cadre du 90e Congrès de l’Acfas.

 

À propos de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique

Dirigée par le professeur Jérôme Dupras, la Chaire de recherche du Canada en économie écologique est située à l’Institut des Sciences de la Forêt tempérée, de l’Université du Québec en Outaouais. Elle est constituée d’une équipe d’une vingtaine de chercheur.euse.s et d’étudiant.e.s gradué.e.s, qui a pour objectif de mieux comprendre et de mesurer la contribution de la biodiversité et des écosystèmes au bien-être humain. www.crcecoeco.ca

 

Le 16 mars 2023