Un doctorant de l’UQO pionnier des études sur la corruption en gestion de projet
Un doctorant de l’UQO, ayant soutenu sa thèse le 2 février 2022, s’est vu mérité la mention « excellent » pour ses efforts de recherche en gestion de projet, portant sur la corruption.
Yanik G. Harnois, chargé de cours de longue date à l’UQO, a entrepris son doctorat en gestion de projet (DGP) dû à sa passion pour le développement international. Son étude, intitulée Lutte contre la corruption dans la gestion de projets de développement international, est basée sur des entrevues en profondeur avec 30 experts du domaine.
Yanick G Harnois s'est mérité la mention 'excellent' lors de la soutenance de sa thèse le 2 février 2022
« La corruption est un fléau que toutes et tous redoutent au plus haut point, et de nombreux préjugés et tabous qui empêchent la recherche scientifique sur le sujet, affirme monsieur Harnois. Plusieurs répondants ont fait part des ponctions effectuées par des acteurs locaux et nationaux dans la gestion des projets de développement international (rent-taking). C’est dire comment la corruption à divers niveaux du cycle des projets constitue un sujet délicat à aborder. C’est le cas en particulier pour des personnes impliquées dans les projets humanitaires et de développement international, où la corruption a été identifiée par plusieurs agences comme étant un facteur important à considérer, et qui sont soucieuses d’apporter des corrections à cet état de chose. »
Plusieurs facteurs rendent l’étude intéressante. Le chercheur a assuré une représentation équilibrée entre personnes d’origines africaines et canadiennes, toutes témoins de près ou de loin des effets de la corruption dans les projets. Ces personnes, ayant pour la plupart complété des études de cycles supérieurs en gestion de projet et/ou en développement international, ont occupé des rôles-clés, tels que gestionnaires de projets, conseillers techniques, responsables de programmes dans les agences d’aide, fournisseurs de services-conseils auprès des organisations non-gouvernementales, ainsi que de nombreux autres. Les entrevues ont aussi été transcrites et analysées en utilisant le logiciel Nvivo, ayant permis d’identifier et de classer les meilleurs extraits d’entrevues parmi un dossier imposant de données qualitatives : 40 documents texte et 76 audio; 315 codes d’analyse hiérarchique ayant permis de retenir 1874 extraits utilisables; extraits étalés sur 68 pages contenant 3055 paragraphes.
Une capture d'écran de la soutenance qui s'est déroulée en mode virtuel.
Le Jury de la thèse confirme que l’étude a permis d’ouvrir la voie sur une problématique importante.
Emmanuelle de Verlaine, professeure au Département des sciences administratives, et présidente du jury, soutient que « Si la corruption est considérée comme la marque d’échec de gestion de projet, la thèse de monsieur Harnois démontre qu’elle est systémique et pérenne, malgré toutes les meilleures pratiques en gestion de projet complexe. La corruption échappe donc à cette vision occidentale des meilleurs standards de pratique d’anti-corruption. Ces résultats de recherche ouvrent sur une avancée très importante permettant de recadrer ce type de projet dans un contexte plus large d’économie mondiale axée sur le développement économique et social en échange d’accès aux marchés et d’allégeances diplomatiques. »
Frederick Ahen, professeur à l'Université de Finlande Orientale, et évaluateur externe au jury, affirme que « La thèse est un exemple de courage épistémique dans la recherche sur des ‘thèmes dangereux’ qui comptent. Il est nécessaire d'encourager davantage cela. »
Charmain Levy, professeure du Département des sciences sociales, et évaluatrice interne au jury, ajoute que « Cette thèse apporte une réflexion importante sur la complexité de la corruption dans la coopération internationale et sur la nécessité de mener des études multidisciplinaires pour la comprendre pleinement et y apporter des solutions. »
Stéphane Gagnon, professeur au Département des sciences administratives, et directeur de la thèse, est d’avis que « La discipline en gestion de projet doit s’intéresser de plus en plus au problème de la corruption. Les études sur ce phénomène sont souvent effectuées dans les disciplines du droit, de la criminologie, de la sociologie, des sciences politiques, et de l’administration publique, affirme le professeur Gagnon. Dans le domaine des sciences administratives, ces études se retrouvent surtout dans les disciplines de la comptabilité, l’économie financière, la gouvernance, ainsi que le comportement organisationnel. »
En effet, selon une recherche sur Scopus, pour les années 2018 à 2022, sur 2943 articles publiés sur la corruption, on dénombre 2141 en sciences sociales, 1059 en économie et finance, et seulement 825 en administration et comptabilité. Cependant, ces nombres tombent à 102 dans les études sur le développement, à 24 dans l’étude des projets, et à 4 à l’intersection des projets de développement.
L’équipe de recherche de l’UQO poursuivra ses travaux sur les problématiques de la corruption. Un programme de recherche est en cours sur les applications des technologies de l’information pour aider l’analyse et la prévention dans les processus d’affaires et via les données ouvertes des différentes agences gouvernementales. Les personnes intéressées par ce type de recherche sont invitées à contacter professeur Gagnon par courriel : stephane.gagnon@uqo.ca .
Le 9 février 2022