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Nouvelles

La réponse à la COVID-19 pourrait contribuer à créer des contextes de négligence, particulièrement envers les adolescents

GATINEAU, 19 octobre 2020. Les données récoltées dans le cadre de l'étude MAVIPAN (MA Vie Pendant la PANdémie) ont permis à une équipe dirigée par la professeure Annie Bérubé de l’Université du Québec en Outaouais de comprendre que le confinement entrainé par la pandémie de la COVID-19 représente une période qui compromet particulièrement la réponse aux besoins des adolescents, les exposant à davantage de risque de négligence.

Les enfants ont des besoins multiples qui doivent être répondus afin de leur assurer une trajectoire développementale optimale. La réponse à ces besoins exige des actions cohérentes de la part des sociétés, des communautés et des familles. Une absence de réponse, si elle compromet le développement ou la sécurité de l’enfant, est considérée comme de la négligence. Pendant la pandémie COVID-19, les choix faits par les sociétés pour protéger les citoyens contre le virus ont pu créer des contextes de négligence envers les enfants. En effet, avec la fermeture des services et des établissements, les parents se sont retrouvés à devoir assurer seuls une réponse à tous les besoins des enfants.

La collecte de données de cette vaste enquête québécoise a été supervisée par Annie LeBlanc, professeure à la Faculté de médecine de l’Université Laval. Ce sont 414 parents d'enfants âgés de 0 à 18 ans qui ont rempli le questionnaire durant la période de confinement du printemps 2020. Selon les résultats obtenus, les parents d'enfants âgés de 13 à 18 ans considèrent que durant cette période, les besoins de leur enfant ont été répondus dans une moindre mesure comparativement aux parents d'enfants d'âge scolaire et préscolaire. Par ailleurs, les parents d'enfants d'âge scolaire ont rapporté une moins bonne réponse aux besoins de leurs enfants que les parents d’enfants d'âge préscolaire. Ces données ont étonné, car généralement, les parents d’enfants plus jeunes ont tendance à rapporter avoir plus de difficulté à s’assurer que les besoins de leur tout-petit sont répondus. Ceci dit, en temps ordinaire, la société joue un rôle important auprès des enfants plus vieux. Elle prend en charge leur scolarisation et plusieurs services leur sont offerts directement via l’école ou le réseau communautaire. Avec la COVID-19, ce soutien offert aux adolescents est tombé, laissant les parents comme seuls responsables d’une réponse habituellement assurée collectivement.

Les sociétés ont fait des choix afin de protéger leurs citoyens du virus. Cependant, avec l’isolement des familles et la fermeture des services et des institutions, ces décisions ont pu créer des contextes de négligence envers les enfants. Les résultats de cette étude nous rappellent que face à une crise qui touche toute la société, il est important de placer les enfants en tête des priorités. Des discussions réfléchies et de l'énergie doivent être consacrées afin que la trajectoire développementale et la sécurité des enfants fassent partie de la gestion de la crise.

 

 

Bérubé, A., Clément, M.-É., Lafantaisie, V., Leblanc, A., Baron, M., Picher, G., Turgeon, J., Ruiz-Casares, M., & Lacharité, C. (In Press). How Societal Responses to COVID-19 Could Contribute to Child Neglect. Child Abuse & Neglect.


 

Projet Émotion: publication d'un premier article

GATINEAU, 1er mai 2020. L’équipe Ricochet vient tout juste de publier un premier article sur les données récoltées dans le cadre du projet Emotion. La professeure Annie Bérubé et son équipe ont pu démontrer que les parents qui ont vécu de la maltraitance durant l'enfance ne réagissent pas de la même manière que les autres devant les émotions de leur enfant. Parmi cette population, le fait de bien percevoir les émotions des enfants est associé à des comportements moins sensibles lors des interactions avec leur propre enfant. Ce comportement va à l'encontre des théories sur la sensibilité qui stipulent que pour être sensible, un parent doit d'abord bien percevoir les signaux de son enfant. Il semble que pour les parents qui ont un vécu de maltraitance sévère, la perception des émotions entraine un mécanisme différent qui expliquerait un désengagement du parent durant les interactions. L'équipe Ricochet poursuit ses recherches afin de mieux comprendre quels sont ces mécanismes qui expliquent que ces parents éprouvent davantage de difficultés que les autres à répondre aux besoins de leurs enfants.

Pour consulter l'article:

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0145213420300879

https://www.researchgate.net/publication/339498232_Childhood_maltreatment_moderates_the_relationship_between_emotion_recognition_and_maternal_sensitive_behaviors

 

Publié le 01-05-2020