Le professeur Eric Gosselin s’intéresse au stress et à la performance sportive
Quel est le lien entre le stress et la performance sportive ? Combien d’heures par semaine un jeune athlète peut-il s’entraîner ?
Eric Gosselin, professeur au Département de relations industrielles et chercheur au Laboratoire d’analyse psycho neuroendocrinologique du stress et de la santé (LAPS2), a voulu répondre à ces questions.
Dans le cadre d’un projet-pilote de recherche, il a suivi de près cinq gymnastes de la région l’an dernier (et heureusement avant la pandémie de la COVID-19!) alors que les athlètes s’entraînaient régulièrement et participaient à diverses compétitions. Le professeur Gosselin a récemment partagé les constatations de l’étude intitulée Projet de recherche sur les biomarqueurs d’adaptabilité et de performance en gymnastique avec les entraîneurs de gymnastique de Gatineau.
Le professeur Eric Gosselin, du Département de relations industrielles, a récemment partagé les constatations de l’étude intitulée Projet de recherche sur les biomarqueurs d’adaptabilité et de performance en gymnastique avec les entraîneurs de gymnastique de Gatineau.
« Bien que cela puisse surprendre, cette étude s’inscrit dans le prolongement de mes travaux en psychologie du travail. Il y a de grandes similitudes entre les constatations tirées de la documentation scientifique concernant l’incidence du stress sur la performance professionnelle et celles s’intéressant à la performance sportive. Entre autres, il me semblait pertinent de valider certaines observations antérieures faites sur la performance au travail à partir de la performance sportive, type de performance qui est généralement plus objective que celle issue de la sphère du travail » affirme le professeur Gosselin.
De janvier à avril 2019, pendant une période de 18 semaines (qui représente le moment fort du calendrier de gymnastique), le professeur Gosselin a suivi le parcours de ces gymnastes de haut niveau âgées entre 10 et 15 ans et qui s’entraînaient plus de 20 heures par semaine. Il a particulièrement suivi la fluctuation de leur stress par le dosage du cortisol salivaire, principal biomarqueur du stress, récolté à partir de 45 échantillons de salive de chacune des athlètes. Ce stress a ensuite été mis en relation avec des évaluations hebdomadaires de la qualité des entraînements ainsi que des observations factuelles lors de diverses compétitions.
Eric Gosselin
Première constatation : la charge d’entraînement imposée aux athlètes semble être dans les limites de leur capacité adaptative. Bien que la charge d’entraînement ne semble pas outrepasser le seuil de résistance des athlètes étudiées, il était néanmoins possible de noter certaines sensibilités interindividuelles à la périodisation des entraînements et ainsi d’estimer la réserve adaptative des gymnastes.
Deuxième constat : une relation multiple et individualisée semble lier le niveau de stress (cortisol) à la performance sportive. Les résultats ne permettent pas d’identifier un lien singulier entre les niveaux de cortisol des athlètes et leur performance gymnique respective. Il semble que les athlètes ne réagissent pas toutes de la même façon au stress, si bien que des niveaux variables de stress semblent favoriser l’atteinte de meilleures performances, tant à l’entraînement qu’en compétition. On peut alors considérer, comme pour les travailleurs, que le stress des athlètes peut être un inhibiteur de l’expression des habilités, ou encore un facilitateur de cette expression.
Les constatations de l’étude ont été bien reçues par les entraîneurs. Anic Bellerose, entraîneure du groupe national à Unigym-Gatineau, dont certaines des athlètes participaient à l’étude, mentionne: « Les constatations issues du projet de recherche du professeur Gosselin offrent des outils aux entraîneurs afin de mieux gérer la charge d’entraînement et d’améliorer la préparation des gymnastes pour les compétitions. Cela aide à individualiser le coaching afin de permettre à chaque athlète de performer au meilleur de ses capacités. »
Le professeur Gosselin souhaite maintenant élargir ses recherches avec un plus grand échantillonnage d’athlètes de haut niveau. Il pourra assurément compter sur divers appuis. Jean-Paul Caron, le directeur-général d’Unigym-Gatineau (et ancien directeur-général de Gymnastique Canada) se dit enthousiasmé par les résultats de ce projet-pilote. Ce dernier indique: « Unigym-Gatineau est fier d’avoir collaboré à ce projet de recherche. Les objectifs de cette étude se conjuguent à la mission de notre organisme qui vise à maximiser le bien-être des athlètes et leurs réalisations sportives. Je compte bien solliciter nos partenaires, dont Gymnastique Québec (GymQC) et l’Institut national des sports du Québec (INS), afin de supporter le professeur Gosselin dans les phases subséquentes de l’étude ».
Le professeur Gosselin profite de l’occasion pour remercier Unigym-Gatineau, les entraîneurs, les parents ainsi que les athlètes de leur collaboration et de leur participation à cette étude qui impliquait un protocole assez complexe de collecte des données.
Le 15 septembre 2020