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Situation dans les CHSLD : des problèmes qui étaient prévisibles

En cette période de pandémie, des membres de la communauté de l’UQO contribuent à la lutte contre la COVID-19 sous tous ses aspects. Aujourd’hui, nous vous présentons les recherches des professeures en travail social Mélanie Bourque et Josée Grenier.

Les professeures en travail social de l’Université du Québec en Outaouais | Campus de Saint-Jérôme Mélanie Bourque et Josée Grenier ont réalisé avec d’autres chercheurs, une étude qui a fait ressortir les lacunes dans l’offre de service aux personnes âgées du Centre de santé et des services sociaux (CSSS) Lucille-Teasdale et du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’est-de-l’Île-de-Montréal (CIUSSS) à la suite d’une réforme majeure en 2015. Publiés à l’automne 2019, plusieurs résultats de ce travail annonçaient malheureusement les problèmes actuels.

À la demande du comité des usages du CSSS Lucille-Teasdale, l’équipe de professeures a effectué ses travaux de recherches en ayant pour objectif ; l’amélioration de la qualité des soins et des services offerts dans le réseau. « Ce comité voulait s’appuyer sur des données scientifiques pour dresser le portrait de la situation afin de mieux influencer les prises de décision », explique Mélanie Bourque.

Les entrevues, les groupes de discussion, le portrait statistique et les analyses ont notamment permis de mesurer les effets provoqués par la fusion des établissements. Par exemple, sur le plan de la communication et des demandes de matériel ou de transport. « La centralisation a trop souvent entraîné une lenteur dans les processus de prise de décision ce qui a eu des effets importants dans plusieurs cas ». Certaines requêtes des personnes usagères sont carrément tombées dans le vide, comme celle d’une personne âgée qui a fait une demande pour faciliter son alimentation et qui n’a toujours pas été faite même après plusieurs mois, ou celle d’une intervenante qui n’a pas reçu l’équipement médical nécessaire pour un patient. En fait, l’équipement est arrivé des mois plus tard alors que la personne était décédée.

L’étude révélait également de nombreux problèmes concernant les conditions de travail se traduisant par un grand roulement et un surmenage du personnel provoqués, entre autres, par la pénurie de main-d’œuvre ainsi que par l’ajout de cas de plus en plus lourds.

Les professeures Bourque et Grenier expliquent cette situation par la volonté gouvernementale qui perdure depuis les années 1990 et qui consiste à gérer le système de la santé et des services sociaux à moindre coût, sous le modèle de la nouvelle gestion publique dont les limites semblent exacerbées en temps de crise.

La professeure Bourque ajoute : « Prenons le problème actuel de l’inventaire du matériel de protection pour le personnel soignant. En tentant de réduire les coûts, on limite le plus possible les stocks et les possibilités de commander auprès de fournisseurs privés. Si cette méthode peut avoir des vertus pour les centres opérés par le privé, on peut se questionner pour sa transposition dans le secteur public. Espérons au moins que cette pandémie aura pour effet de mettre en lumière auprès de la population les lacunes de notre système de santé et de services sociaux ».

 

 

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La professeure Mélanie Bourque.

 

Les pistes d’action proposées

Effectuée sur une période d’une année, l’étude des professeures Bourque et Grenier a permis de proposer au CSSS Lucille-Teasdale et au CIUSSS de l’est-de-l’Île de Montréal, comprenant les CHSLD Rosemont, Hochelaga-Maisonneuve et Olivier-Guimond, une série de solutions à mettre de l’avant dont :

  • Réduire le recours aux agences privées et revoir les ententes pour que les conditions d’exécution permettent d’assurer la qualité des soins ;
  • Miser sur la prévention des soins avant de tomber en situation d’urgence ;
  • Reconnaître la complémentarité des services offerts par les organismes de la communauté ;
  • Accompagner les familles avec des moyens adéquats et suffisants (répit, heures de service, etc.) ;
  • Reconnaître et soutenir le rôle des proches aidants ;
  • Développer la qualité des services pour que ce soit une responsabilité collective et que ce ne soit pas exclusivement sur le personnel soignant ;
  • Consacrer le temps pour créer des liens de confiance entre le personnel soignant et l’aîné ;
  • Reconnaître la nécessité du travail en interdisciplinarité ;
  • Offrir plus d’autonomie à l’ensemble des professionnels (favorisant l’efficacité, la fidélisation et l’engagement) ;
  • Reconnaître les particularités des quartiers et des établissements

Cette étude a été bien reçue, mais les changements n’ont pas encore été adoptés dans les milieux. C’est le moment de ressortir ces pistes d’action qui peuvent être utiles pour l’ensemble du Québec, estiment les professeures Bourque et Grenier.

 

 

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