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Les équipes voyageant vers l’ouest sont désavantagées, selon des chercheurs

 

Quelle influence les fréquents voyages ont-ils sur les athlètes professionnels de la Ligue nationale de hockey (LNH), la National Football League (NFL) et la National Basketball Association (NBA) ? Certaines équipes ont-elles un avantage grâce aux fuseaux horaires?

L’équipe du Laboratoire du sommeil de l’UQO, dirigée par la professeure Geneviève Forest, du Département de psychoéducation et de psychologie, a tenté de répondre à ces questions. La professeure Forest et Jonathan Roy, étudiant au doctorat en neuropsychologie clinique, ont publié une étude qui attire l’attention.

Publiée en avril 2017, l’étude de la professeure Forest et de Jonathan Roy est intitulée Greater circadian disadvantage during evening games for the National Basketball Association (NBA), National Hockey League (NHL) and National Football League (NFL) teams travelling westward.
 

Consultez l'étude

 

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L'étudiant au doctorat neuropsychologie clinique, Jonathan Roy, et la professeure Geneviève Forest, directrice du Laboratoire du sommeil de l’UQO


« Cette étude est née d’un intérêt commun de moi et Geneviève. Elle est spécialiste du sommeil et, de mon côté, j’ai une maîtrise en psychologie du sport, donc nous avons décidé de combiner nos deux intérêts, explique Jonathan Roy, qui a déjà joué au hockey Junior A sur la Rive-Sud de Montréal. C’est venu d’une question bien simple : est-ce que le décalage horaire affecte les équipes sportives dans les sports professionnels ? Quelques études se sont déjà penchées sur la question, mais celles-ci se concentraient sur un seul sport ou sur un petit échantillon de parties. On s’est demandé de quelle façon on pourrait mesurer cela à travers un plus grand échantillon de parties et plusieurs sports. »

L’article publié découle d’une affiche qui a été présentée lors d’un grand congrès international sur le sommeil qui s’est tenu à Denver au Colorado, en 2016. Les informations présentées dans l’affiche ont vite attiré l’attention des organisateurs du congrès.

« Les organisateurs nous ont dit que ce serait bien d’avoir quelque chose d’encore plus élaboré et, à partir de cela, nous avons poursuivi nos analyses. »

La professeure Forest et Jonathan Roy ont également été invités en entrevue télévisée au Téléjournal Ottawa-Gatineau, le 5 octobre 107.
 

Entrevue au Téléjournal Ici Ottawa-Gatineau

 


« Si on prend un exemple : les Sénateurs d’Ottawa qui vont aller jouer à Los Angeles le soir seront désavantagés. L’hypothèse que nous avons, c’est que notre corps suit des rythmes circadiens. C’est-à-dire que sur une période de 24 heures, plusieurs choses vont varier, comme la fréquence cardiaque, le taux de glucose et plein d’autres paramètres qui influence le comportement. Et pour la performance sportive, c’est entre 15 h et 18 h que notre performance sera la meilleure. En fin de soirée, vers 21 h-22 h, notre performance déclinera rapidement. » - Jonathan Roy


 

Dans leur étude, les chercheurs ont examiné les pourcentages de victoires dans trois grandes ligues de sports professionnels en Amérique du Nord (LNH, NFL et NBA) car ces équipes voyagent beaucoup sur quatre fuseaux horaires. Ils ont étudié les statistiques de cinq saisons régulières en fonction des fuseaux horaires traversés par les équipes professionnelles, ce qui a représenté une grande quantité de données à analyser.

Ils concluent que les équipes qui voyagent vers l’ouest pour disputer des matchs en soirée sont désavantagées.  

En ce qui concerne la NFL, le nombre moins élevé de parties n’a pas permis de conclure à une différence significative du point de vue statistique, mais les chercheurs ont noté la même tendance.

Le désavantage cité par les chercheurs est lié à l’horloge biologique et aux rythmes circardiens. Les joueurs des équipes qui voyagent vers l’ouest disputent leur match après leur pic circadien quotidien, ce qui a une influence négative sur leur performance.

« C’est surtout un désavantage pour les équipes qui voyagent vers l’ouest, explique Jonathan Roy. Si on prend un exemple : les Sénateurs d’Ottawa qui vont aller jouer à Los Angeles le soir seront désavantagés. L’hypothèse que nous avons, c’est que notre corps suit des rythmes circadiens. C’est-à-dire que sur une période de 24 heures, plusieurs choses vont varier, comme la fréquence cardiaque, le taux de glucose et plein d’autres paramètres qui influence le comportement. Et pour la performance sportive, c’est entre 15 h et 18 h que notre performance sera la meilleure. En fin de soirée, vers 21 h-22 h, notre performance déclinera rapidement. »

« Donc, les Sénateurs qui jouent contre les Kings à Los Angeles, au niveau de l’horloge biologique des joueurs d’Ottawa, il est 22 h lorsque la partie débute, ce qui les désavantage évidemment. À l’inverse, pour illustrer que les équipes de l’ouest qui voyagent vers l’est ne subissent pas les mêmes contraintes, Jonathan Roy cite la situation suivante : lorsque les Kings jouent un match à 19 h à Ottawa. « Au niveau de l’horloge biologique des joueurs de Los Angeles, il sera 16 h en après-midi. Ils seront plus proches de leur pic circadien et ne seront ainsi pas désavantagés. »

Autre constat intéressant : les chercheurs ont comparé les matchs du soir et ceux de l’après-midi. Pour les matchs disputés en après-midi (souvent le samedi à 15 h), il n’y a pas de différence dans les pourcentages de victoires.

« Le sommeil est de plus en plus suivi dans le sport professionnel », ajoute Jonathan Roy. « On se rend compte qu’il y a de plus en plus d’équipes professionnelles qui font appel à des experts du sommeil. Dans les sports professionnels, ça ne prend pas grand-chose entre la victoire et la défaite. Le sommeil est une variable qui a été sous-estimée. »

Le papier a attiré l’attention de publication web telle MedPage Today et même d’un site web des supporteurs des Washington Redskins de la NFL.

 

Impact du sommeil sur les athlètes étudiants de l’Outaouais

Comme une étude en mène à une autre, Geneviève Forest et Jonathan Roy ne s’arrêtent pas là. Ils poursuivent en ce moment leurs recherches sous le même thème : un projet qui, cette fois-ci, se penchera sur le sport et le sommeil chez les jeunes de la région de l’Outaouais. « S’il y a un impact dans le sport professionnel, on se demande qu’elle est l’impact sur les plus jeunes », explique Jonathan.

Les chercheurs s’intéressent donc en ce moment à de jeunes athlètes inscrits dans des programmes Sport-Études, âgés de 13 à 15 ans (2e et 3e secondaire).  Ils ont actuellement 18 jeunes élèves qui portent des bracelets monitorant le sommeil, à différents moments durant l’année scolaire. Les chercheurs collectent également des mesures de performance sportive et scolaire. L’équipe de la professeure Forest est d’ailleurs à la recherche d’autres candidats pour l’an prochain. L’objectif est une soixantaine de jeunes.

« C’est une première. On va suivre des élèves athlètes pendant un an et voir l’impact à long terme du sommeil sur le sport, mais aussi à l’école », souligne Jonathan Roy.

Cette recherche de longue haleine fait partie de ses travaux de doctorat. Jonathan est accompagné des étudiantes Pascale Gaudreault, au doctorat en neuropsychologie clinique et de Roxane Godin, qui fait sa thèse d’honneur au baccalauréat en psychologie, dans la réalisation de cette recherche auprès des jeunes élèves athlètes.

Ces chercheurs sont encadrés par la professeure Geneviève Forest.

 

 

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