Thom, un diplômé de l’ÉMI, nous plonge dans la BD muette avec 'VII'
Originaire de Montréal, Thomas Blais-Leblanc a créé et peaufiné ses personnages de bande dessinée alors qu’il étudiait à l’École multidisciplinaire de l’image (ÉMI), des personnages qui se retrouvent dans son tout premier album.
Bédéiste et illustrateur, c’est sous l’alias Thom que le diplômé est maintenant connu. Intitulé VII, l’album a été publié le 26 septembre 2017 aux Éditions Pow Pow. L’album doit bientôt sortir aussi au Canada anglais et aux États-Unis, ainsi qu’en Europe. « J’ai sauté six pieds dans les airs. C’est un très beau feeling d’avoir son bébé. »
VII, au départ, était son projet de fin de baccalauréat en bande dessinée, en 2015. Le projet a toutefois évolué. « C’est la même prémisse, mais l’histoire a changé, le look a changé et c’est muet, alors que la première version était en couleurs très vives et il y avait beaucoup de dialogue. »
Le bédéiste a en effet choisi la voie de la bande dessinée muette, avec un album de 160 pages. Un défi en soi, car le créateur ne peut s’appuyer sur les dialogues pour faire avancer l’histoire. L’image doit tout dire.
Thomas Blais-Leblanc a entre autres baigné dans la BD d’Achille Talon lorsqu’il était enfant. Il a surtout été influencé par La Rubrique à Brac de Gotlib, Le Concombre masqué de Mandryka, les Moomins de Tove Jansson et Philémon de Fred.
« On s’est dit que j’irais du côté muet et j’ai vraiment adoré le faire sans dialogue. Je trouvais que ça parlait. C’est un tout autre défi, mais j’ai plus de facilité à raconter simplement par l’image que par des mots. » - Thomas Blais-Leblanc
En créant son propre monde de BD, il explique que son objectif du départ n’était pas de faire un album muet. « Au début, j’avais une seule scène en tête. J’aimais ce que ça racontait. Toute cette première scène est silencieuse. Ça faisait bien, juste avec les images et je trouvais qu’il n’y avait pas besoin de dialogue. Je me suis dit, ‘le texte va arriver dans la prochaine scène’. »
Le bédéiste a avancé dans son histoire et, de fil en aiguille, il a pris la voie du dessin muet. Sa mère, bibliothécaire, à qui il montrait la progression de son album, a été un peu son éditrice et lui a souvent fait des recommandations. « On s’est dit que j’irais du côté muet et j’ai vraiment adoré le faire sans dialogue. Je trouvais que ça parlait. C’est un tout autre défi, mais j’ai plus de facilité à raconter simplement par l’image que par des mots. »
En cours de création, Thom a montré sa bande dessinée à une collègue diplômée de l’ÉMI, Iris Boudreau. Elle lui a recommandé de présenter une partie de sa création, qui était alors incomplète, aux Éditions Pow Pow, à Montréal. L’éditeur l’a alors invité à poursuivre son travail et à présenter l’album une fois complété.
VII est un univers qui le suit l’auteur depuis neuf ans, depuis son secondaire. Découpé en quatre chapitres, il s’agit d’une histoire d’un auteur à succès qui travaille fort sur son prochain roman et qui a le syndrome de la page blanche. Ses fans deviennent impatients, incluant la ‘Grande faucheuse’ qui représente la mort et qui vient le visiter pour obtenir son autographe. « C’est une sorte d’éloge à la création, une réflexion sur la mort », explique l’auteur, ajoutant qu’il y a également de l’humour, puisqu’on voit la Grande faucheuse en train de manger son spaghetti, ou relaxer en sous-vêtement ‘boxer’.
Le personnage principal est le lapin Caropin (mélange de ‘carotte’ et ‘lapin’), qui fume et boit beaucoup (tout le contraire de son créateur). « Il fait des choses que je ne ferais jamais. Je ne bois pas et je ne fume pas. »
En plus de Caropin et la Grande faucheuse, d’autres personnages l’entourent, trois colocataires : un cochon fonceur, un canard peintre et une petite fleur. « C’est très fantaisiste », résume le bédéiste de 24 ans qui habite à Montréal.
Diplômé du Cégep du Vieux-Montréal en arts plastiques, Thomas Blais-Leblanc a adoré son passage à l’ÉMI. Il n’y avait aucun cours de bande dessinée au cégep, dit-il. « Le bac en bande dessinée a été parmi les plus belles années de ma vie. Ce que j’ai appris, ce que j’ai vécu. Ç’a été extrêmement formateur pour moi. C’est aussi à l’ÉMI que j’ai développé davantage cet univers. Les professeurs en sont pour beaucoup : Sylvain Lemay, Réal Godbout, Mario Beaulac, Nhu-Hoa Nguyen, Sophie Bélair-Clément et Paul Roux. Des professeurs qui m’ont vraiment montré à faire une bande dessinée. »
Thomas Blais-Leblanc travaille en ce moment sur des illustrations pour un livre jeunesse. Il songe aussi à une suite pour VII.
CLIQUEZ ICI POUR RETOURNER AU MAGAZINE SAVOIR