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La professeure Isabel Côté collabore à une étude sur les relations polyamoureuses et la perception des enfants

 

Une nouvelle étude codirigée par le professeure Isabel Côté, du Département de travail social à l’UQO, apporte un regard novateur sur l’expérience des enfants qui grandissent dans un contexte polyamoureux. Les résultats de cette recherche viennent démentir certaines idées préconçues à l’égard des familles ne correspondant pas au modèle mononormatif, c’est-à-dire reposant sur le couple monogame.  

 

Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la procréation pour autrui et les liens familiaux, la professeure Côté a collaboré à cette étude menée par la professeure et première autrice MilaineAlarie, de l’Institut national de la recherche scientifique(INRS), et MoragBosom, doctorante en sexologie à l’Université du Québec à Montréal(UQAM).

 

À partir de 18entrevuessemi-dirigées menées auprès d’enfants de parents polyamoureuxquébécois, l’équipe de recherche a analysé le niveau de proximité affective que ces jeunes ressentent à l’égard des partenaires amoureux de leurs parents et ce que ces adultes représentent pour eux.  

 

Les chercheuses ont publié un article présentant leurs résultats dans le Journal of Social and Personal Relationships en août2024. 

 

Des liens importants pour les enfants

L’analyse de ces entrevues révèle que les jeunes grandissant dans un contexte polyamoureux apprécient généralement les partenaires de leurs parents, et peuvent même entretenir des liens privilégiés avec elles et eux dans ce contexte de pluriparentalité.

 

« Nos recherches mettent en lumière la qualité du lien affectif développé entre ces enfants et les partenaires amoureux de leurs parents, ainsi que les bénéfices qu’ils retirent de la présence de ces adultes dans leur univers familial », explique Milaine Alarie, professeure associée de l’INRS spécialiste des questions de genre, de dynamiques familiales et de diversité sexuelle. 

 

Les participantes et participants, surtout de la tranche d’âge de 5 à 11 ans, ont majoritairement décrit les partenaires amoureux de leurs parents comme des personnes qui : 

  1. peuvent participer à leurs loisirs ;

  2. contribuent matériellement à leur bien-être ;

  3. prennent soin d’elles et eux et sur qui compter en cas de besoin ;

  4. contribuent à élargir leur cercle amical grâceà leurs propres enfants. 


« De nombreux jeunes ont expliqué leur affection pour les partenaires de leurs parents en soulignant la façon dont ces personnes se sont occupées d'eux et les ont soutenus émotionnellement et matériellement », ajoute la professeure Alarie. 

 

Une minorité de participantes et participants, principalement d’âge adolescent et préadolescent, estiment que ces adultes sont avant tout des personnes qui contribuent de façon positive à la vie de leurs parents, et ont conséquemment, moins tendance à développer de lien personnel avec ces partenaires. Il convient de noter que, si ces jeunes n'ont pas développé de relation importante avec les partenaires romantiques de leurs parents, ceci ne se traduit pas par des sentiments négatifs à l'égard de ces adultes.

 

 

Être entourés pour mieux grandir

De manière générale, la recherche – tant celle menée auprès de familles plus traditionnelles que de familles dérogeant du modèle nucléaire – a démontré que l’accès à du soutien social de qualité de la part de la famille élargie et de l’entourage a un impact positif sur les parents et sur leurs enfants.

 

Ainsi, dans un contexte polyamoureux, la présence d’adultes proches permettrait aux jeunes de recevoir de l’attention d’un plus grand nombre de personnes de confiance, tout en les exposant à différentes réalités et visions du monde. Cette présence est perçue par les parents comme bénéfique pour le développement social, intellectuel et émotionnel de leurs enfants.

Cette nouvelle recherche apporte une contribution importante à la littérature sur la diversité familiale d’aujourd’hui, alors que des études estiment qu'environ 1 personne sur 5 a déjà été impliquée dans une relation polyamoureuse ou dans un couple ouvert au Canada et aux États-Unis.

« À la lumière de ces résultats, nous souhaitons rappeler qu’une meilleure compréhension de la réalité des familles composées de parents polyamoureux est essentielle pour ajuster les politiques publiques, les programmes et les lois afin qu’elles représentent et protègent l’ensemble des familles du Québec, dans toute leur multiplicité », conclut la professeure Alarie. 

 

En effet, si certaines provinces canadiennes comme l’Ontario et Terre-Neuve-et-Labrador ont ouvert la porte à la reconnaissance légale de la pluriparenté, le Québec n’octroie pas de statut légal de parent à plus de deux personnes pour un même enfant.

 

 

À propos de l’article

Milaine Alarie, Morag Bosom, et Isabel Côté. (2024). “It’s someone who means a lot to me, and who means even more to mom”: Children’s views on the romantic partners of their polyamorous parents. Journal of Social and Personal Relationships. https://doi.org/10.1177/0265407524126854 

 

La recherche a obtenu un soutien financier de la part du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).