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Crier après l’arbitre influence sa prise de décision : Joël Guérette publie dans Psychological Science

Joël Guérette, professeur à l’École interdisciplinaire de la santé et directeur du nouveau programme de baccalauréat en kinésiologie appliquée aux activités physiques adaptées, vient de publier les résultats d’une recherche qui suggère que l’agression verbale envers les arbitres de baseball a un impact sur leurs décisions. 

Cette recherche, réalisée avec la collaboration de la professeure Caroline Blais et du professeur Daniel Fiset, du Département de psychoéducation et de psychologie, vient d’être publiée dans Psychological Science, la revue phare de l’Association américaine de psychologie.

Verbal Aggressions Against Major League Baseball Umpires Affect Their Decision Making aborde l’impact de l’agression sur la prise de décision de personnes en position d’autorité, comme les arbitres sportifs, en utilisant un environnement écologique où les comportements violents sont omniprésents, soit la Ligue majeure de baseball.

Article du quotidien Le Droit


Joël Guérette, professeur à l’École interdisciplinaire de la santé et directeur du nouveau programme de baccalauréat en kinésiologie appliquée aux activités physiques adaptées

Joël Guérette, professeur à l’École interdisciplinaire de la santé et directeur du nouveau programme de baccalauréat en kinésiologie appliquée aux activités physiques adaptées


« Au baseball, crier après l’arbitre fait presque partie intégrante du spectacle, ce qui en fait un scénario idéal pour observer l’impact d’une critique verbale excessive », souligne Joël Guérette. Tout amateur de baseball connaît la routine du gérant de l’équipe qui sort de l’abri des joueurs pour vilipender l’arbitre et pousser la foule à s’animer. 

« Non seulement les actes de violence sont fréquents dans la Ligue majeure de baseball, mais ils ont également l’avantage d’être accompagnés d’une multitude de données, puisque le baseball est probablement le sport de statistiques par excellence. Ça permet d’étudier des questions qui vont parfois au-delà du sport, comme celle de l’impact de la critique des décisions d’une personne, qui se veut une interaction sociale qu’on peut observer dans plusieurs autres contextes ».

Les résultats du projet sont surprenants : crier après l’arbitre offre un avantage à l’équipe plaignante. En effet, l’équipe dont l’un des joueurs ou entraîneurs a été éjecté pour avoir critiqué excessivement les décisions de l’arbitre au marbre reçoit plus de décisions favorables en lien avec la zone de prises. L’effet opposé est observable pour les frappeurs de l’équipe adverse. 

« À la base, l’objectif d’explorer l’impact de l’agression verbale envers les arbitres était de diminuer les comportements agressifs. Je suis bien conscient que nos résultats semblent pourtant encourager cette pratique. C’est important de se rappeler que la recherche ne sert pas à exposer nos valeurs personnelles, mais bien à comprendre des phénomènes. En comprenant comment la violence influence les arbitres, il sera possible de trouver des stratégies pour diminuer leurs biais et tenter de réduire le fléau qu’est la violence verbale dans le sport ». 

L’article publié dans Psychological Science est une portion de la thèse doctorale de M. Guérette, qui complète son Ph. D. en psychologie à l’UQO sous la supervision de ses coauteurs. Ces derniers l’ont d’ailleurs encouragé à soumettre l’article dans un journal qui surpasse le contexte sportif, puisqu’il traite d’un sujet observable dans d’autres situations impliquant des relations sociales. Il faut toutefois faire attention avant de généraliser les résultats. 

« On n’est pas en train de dire que crier après l’arbitre ça marche à tout coup! Dans notre cas, les arbitres sont réellement injustes envers l’équipe qui les critique avant de se faire enguirlander. Ils sont également les meilleures de leur profession, les rendant plus aptes à reconnaître leurs erreurs. De plus, l’impact n’est observable que sur des décisions spécifiques. Crier sans raison après un arbitre peu expérimenté pourrait amener des résultats complètement différents, mais ça devra faire l’objet d’autres études », prévient l’auteur principal de l’article.

Joël Guérette a d’ailleurs l’intention de continuer à explorer la thématique de la violence en contexte sportif par l’entremise de son emploi de professeur à l’UQO. Il souhaite que son travail permette de trouver des stratégies pour limiter les actes répréhensibles et ainsi favoriser des climats de pratique sportive plus sains et plus accessibles.

 

Le 27 février 2024