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Conférence de monsieur Henri Dorion

Les nouveaux enjeux de la question territoriale
8 février 2012, UQO

 

La Francophonie se pense spontanément en termes de culture. Mais qu’en est-il exactement de son territoire? Peut-on totalement comprendre la Francophonie sans comprendre les logiques territoriales parfois complexes des États qui la composent? En quoi la frontière, trop souvent symbole de repli identitaire, peut-elle au contraire devenir une occasion d’ouverture sur l’autre? En quoi la Francophonie s’inscrit-elle désormais dans une logique de multi-gouvernance territoriale, issue des nombreuses juridictions politiques qui se juxtaposent sur un même espace? À travers un regard posé sur la réalité québécoise, une inférence théorique est-elle possible pour l’ensemble des États membres de la Francophonie?

C’est essentiellement sous l’angle de ces différents questionnements que la Chaire Senghor de la Francophonie de l’Université du Québec en Outaouais recevait, le mercredi 8 février 2012, monsieur Henri Dorion, l’une des plus éminentes figures de la géographie québécoise. Monsieur Dorion, qui fut professeur de géographie à l’Université Laval, a en outre dirigé la célèbre Commission d’étude sur l’intégrité du territoire du Québec, de 1966 à 1972. Ce dernier a récemment publié, avec son collègue Jean-Paul Lacasse, un livre qui synthétise la pensée de toute une vie de recherche : Le Québec : un territoire incertain.

Messieurs Dorion et Lacasse ont examiné les nombreuses incertitudes qui concernent le territoire québécois, sur le plan de son contenant et de son contenu. En outre, ils démontrent en quoi les statuts incertains de la côte du Labrador, du golfe du Saint-Laurent et des îles littorales du Nunavik font du Québec le territoire le moins précisément délimité de l’Amérique.

Si les régions constituent les principes horizontaux de l’ouvrage, la dimension verticale des pouvoirs est aussi prise en considération, comme les interventions des gouvernements fédéral et provincial sur un même territoire, en vertu de leurs compétences respectives et souvent concurrentes. À la frontière du droit international public, de la politique et de la géographie, c’est la capacité d’intervention réelle d’un gouvernement sur son propre territoire qui est revisitée. C’est ainsi que la territorialisation des politiques publiques devient un enjeu central pour l’État. Dès lors, elle le devient tout autant pour la Francophonie comme rassemblement d’États partageant des valeurs communes et osons le croire, partageant également des actions territoriales communes.