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CENTRE DE SOUTIEN ET D'INNOVATION EN PÉDAGOGIE UNIVERSITAIRE

PÉDAGOGIES NARRATIVE et EXPÉRIENTIELLE

La pédagogie narrative 

 

Les approches éducatives interprétatives, comme la pédagogie narrative, promeuvent une forme de pensée qui prépare les personnes étudiantes à mobiliser les faits et les preuves de façon sensible et réfléchie, ainsi qu’à développer leur jugement dans des situations complexes. La pédagogie narrative est une façon pour les personnes enseignantes d’accompagner les personnes étudiantes, en partenariat interprétatif, dans le développement d’un jugement réflexif (Vandermause  et Townsend, 2010) Dans la pédagogie narrative, les personnes travaillent ensemble pour réfléchir et interpréter les expériences partagées. L’idée centrale est que les êtres humains construisent le sens de leur rapport au monde par la narration, par le récit. 

Selon Goodson (2010), les « conversations intérieures » par lesquelles les personnes définissent leurs pensées et choix d’actions et créent leurs propres histoires et missions de vie sont au coeur du parcours d’apprentissage de la personne. C’est par ce parcours que les personnes comprennent la place qu’elles veulent occuper dans le monde. 


Les effets sur l’apprentissage

Le partage d’expériences mises en récit qui caractérise les pédagogies narratives permet notamment de (Brady et Asselin, 2016): 

  • confronter ses a priori et de considérer une diversité de perspectives
  • développer une plus grande sensibilité culturelle
  • apprendre à écouter et à se sentir connecté·e aux autres
  • développer l'empathie, la sollicitude et la compassion
  • améliorer le jugement moral et éthique
  • comprendre qu'apprendre, c'est construire le sens 
  • réinterpréter ses expériences
  • examiner les valeurs sous-jacentes aux actions, attitudes, etc. 
  • envisager une multitude de solutions possibles à un problème ou à une situation
  • saisir la complexité des situations professionnelles 
  • comprendre l’importance du contexte dans la résolution d’une situation

Dans leur recherche auprès d’étudiant·es de premier cycle en sciences infirmières, Evans et Bendel (2004) ont noté que les étudiant·es en contexte de pédagogie narrative avaient une pensée critique plus développée que celle des autres étudiant·es (California Critical Thinking Disposition Inventory), particulièrement en ce qui concerne leur persévérance à chercher des réponses sans tenir compte de leur adéquation à leur position (Truth-seeking), ainsi que dans leur disposition à réaliser une recherche organisée, ordonnée, focalisée et diligente (Systematicity). La pédagogie narrative contibuerait ainsi à la problématisation rigoureuse et à l’ouverture et la prise en compte d’une diversité de perspectives. 

Stoltzfus (2017) a pour sa part constaté que les étudiant·es en contexte de pédagogie narrative étaient plus portés à la métacognition et, conséquemment, devenaient des apprenants plus autonomes que leurs pairs en contexte traditionnel. Par ailleurs, le partenariat interprétatif entre les personnes enseignantes et étudiantes contribuerait à la capacitation (empowerment) des personnes étudiantes qui se sentiraient plus en contrôle de leurs apprentissages dans le contexte narratif que dans le contexte traditionnel. 


Comment faire ?

Les praticien·nes de la pédagogie narrative suggèrent de demander aux personnes étudiantes ou aux personnes ressources (praticiennes, bénéficiaires ou usagères de services, par exemple) de préparer le récit dans un texte ou un enregistrement. 

Ce récit doit être lié aux objets d’apprentissage, tels les concepts, les stratégies d’intervention, les compétences, les attitudes, etc. 

Ce récit est partagé oralement avec le groupe. Ensemble, les personnes qui le composent écoutent, sont attentives et engagées envers la personne qui racontent. Elles entrent ensuite en dialogue pour questionner, interpréter et réinterpréter le sens de l’expérience. Elles identifient les liens entre l’expérience et les savoirs théoriques et cherchent ensemble d’autres horizons, alternatives, possibilités de réflexions, d’actions, de réinvestissement, par exemple. 

Bélanger et Porlier (2017) proposent plusieurs exemples d’activités pédagogiques en sciences infirmières, inspirées de la pédagogie narrative et pouvant être adaptées à d’autres types de formations et programmes. Elles offrent également un cadre général, adapté de Diekelman et Diekelman (2009), synthétisant les dimensions fondamentales de l’apprentissage dans une pédagogie narrative.