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Jessica Ragazzini, nouvelle diplômée au doctorat sur mesure à l’ÉMI

 

Jessica Ragazzini, est devenue la nouvelle et première ressource étudiante diplômée au doctorat sur mesure à l’École multidisciplinaire de l’image (ÉMI) lorsqu’elle a soutenu avec succès sa thèse, le 18 septembre 2023, au pavillon Lucien-Brault de l’UQO. Cette thèse a été complétée en cotutelle avec l’Université Paris Nanterre et a obtenu à l’unanimité la mention « excellente »

La thèse de Jessica Ragazzini s’intitule : La survivance du vivant en photographie :  la confusion photographique entre le corps et l’objet du mannequin à la figuration numérique anthropomorphe

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La thèse se résume comme suit : « Depuis une dizaine d’années, de prestigieux prix en portrait photographique sont remportés par des images qui représentent des robots. Ces désignations ont de quoi surprendre puisque les prix de ces concours sont censés être décernés pour la représentation d’un être humain. Le robot étant un objet, la photographie proposée aurait dû entrer dans la catégorie de la nature morte et être disqualifiée du concours. Au-delà de la remise en question des catégories photographiques, les lauréats donnent ainsi des pistes qui permettent de mieux cerner la perception actuelle du corps humain, si proche des objets inanimés. Une certaine « survivance du vivant » (Aby Warburg, 2015, [2003]; Didi-Huberman, 2002, p. 191) semble resurgir de ces photographies, malgré les tentatives de réification et les vains essais d’humanisation. Les résonnances à d’autres types d’images du passé font également émerger la survivance. Le fantasme de l’animation est présent dans la production artistique depuis l’Antiquité (Ovide, le mythe de Pygmalion) et dans le langage courant depuis 1906, lorsque le terme « mannequin » ne désigna plus seulement l’objet anthropomorphe, mais également la jeune femme élégante vêtue selon la mode de son époque. Le photographe de mode Helmut Newton s’approprie l’évolution de cette définition qu’il décline en fonction des imaginaires sensuels que l’association du corps à l’objet convoque. Le déploiement des technologies portant sur la modification du vivant de ces dernières décennies (chirurgie esthétique, clonage…) s’est accompagné d’un regain d’intérêt pour la corporéité transformée et pour de nouveaux enjeux pour la confusion. Si, dans les arts, le corps performé réifie le vivant par son inquiétante immobilité face aux publics libres de leurs mouvements, la photographie dont fait usage l’artiste Cindy Sherman va plus loin encore en proposant une image inerte qui semble d’une élasticité totale. La représentation du visage semble dotée d’une telle malléabilité, qu’il n’apparait plus que comme une enveloppe humaine vide de subjectivité. La généralisation et le développement des outils numériques ont facilité l’étirement des limites de la représentation humaine. Le photographe Nick Knight s’est concentré sur la persistance de l’impression de vie qui perdure malgré ses transformations à la limite de l’abstraction. À chaque époque, la confusion entre le corps et l’objet fut stimulée par différents enjeux sociaux et politiques, qui entrent parfois en contradiction, mettant en lumière les singularités et les variations de représentations ambiguës entre humanisation et réification. Au prisme des constantes et ruptures inhérentes aux confusions entre le corps et l’objet, cette thèse explore les manières dont le vivant continue de surgir de la pratique de Helmut Newton, de Cindy Sherman et de Nick Knight dans le but de comprendre l’impact de l’inerte sur la représentation et la conception du corps vivant. Ainsi, l’objectif est de démontrer que la photographie est productrice d'un rapport singulier au vivant vis-à-vis de l'individu organique expérimenté dans la vie quotidienne. Celui généré par la photographie est également différent du corps performé ou du corps mouvant dans la vidéo. »

Les recherches doctorales de Jessica Ragazzini ont été dirigées par la professeure Mélanie Boucher de l’UQO et le professeur Thierry Dufrêne de l’Université Paris Nanterre

Le jury était présidé par Pavel Pavlov, de l'UQO, et composé des personnes suivantes:

  • Maxime Coulombe, membre externe, Université Laval
  • Chiara Palermo, membre externe, Université Sorbonne Nouvelle
  • Fabrice Flahutez, membre externe, Université de Lyon Saint-Étienne, Université Jean Monnet
  • Sous la supervision de la Vice-Doyenne des études, Martine Nadon.

 

L’UQO félicite Jessica Ragazzini!

 

Le 21 septembre 2023