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Le professeur Simard publie un recueil des grands discours de Jean Lesage

 

Il fut l’un des principaux architectes de la Révolution tranquille, un brillant orateur qui a sorti le Québec de la ‘grande noirceur’ et propulsé la province vers l’avenir. Le nom de Jean Lesage, premier ministre du Québec de 1960 à 1966 inspire encore aujourd’hui.  

Fasciné par cet homme politique qui a marqué l’histoire du Québec, le professeur Jean-François Simard, du Département des sciences sociales de l’UQO, publie un nouveau livre intitulé Jean Lesage vous parle. Les grands discours de la Révolution tranquille, un ou qui vise autant le grand public que le monde universitaire.

« J’ai consacré l’essentiel de mes recherches à cette période très importante de notre histoire nationale qui s’appelle la Révolution tranquille. On ne peut pas s’intéresser à un mouvement social sans, tôt ou tard, s’attarder au rôle des acteurs qui personnalisent ce mouvement social. Ce qu’on appelle ‘le modèle québécois’ découle directement de la Révolution tranquille », explique le professeur Simard, lui-même ex-ministre du cabinet de Bernard Landry.

Jean Lesage, dit-il, fait partie de l’imaginaire collectif, un homme politique qui a acquis un statut quasi mythique. Et c’est par l’entremise des grands discours que Jean-François Simard a choisi de retracer les grands moments de l’histoire du Québec.

 

L’époque des discours-fleuve

En quelques décennies, le Québec est passé d’une époque où l’on évaluait un politicien et la profondeur de sa pensée à travers sa capacité de l’articuler dans de longs discours de style classique. « Aujourd’hui, on s’étonne de Fidèle Castro, qui pouvait tenir la foule avec de longs discours. Mais on oublie que, chez nous aussi, pendant des décennies on a aussi eu de bons orateurs qui ont tenu des foules pendant des heures. »

Cette époque des longs discours influents détonne avec notre ère actuelle des clips de 10 secondes aux nouvelles et des courts messages sur Twitter. « On est passé d’une époque du discours-fleuve, à une époque où on communique en 140 caractères. On doit résumer la pensée politique en 140 caractères, alors qu’à une certaine époque, c’était 140 minutes. On valorisait la culture et aujourd’hui on la méprise. »

Pourtant, affirme le professeur Simard, « la force des idées de Jean Lesage est telle qu’elle peut inspirer les politiciens d’aujourd’hui. »

Jean Lesage, c’était l’orateur classique qui exprimait sa pensée politique de façon logique et réfléchie avec une démarche rationnelle du développement de l’idée, tandis qu’aujourd’hui, les politiciens misent avant tout sur un message politique qui est plus bref. « Comme on ne peut pas rejoindre les gens sur le contenu, on tente de les rejoindre sur l’émotion, sur le coup de gueule, sur la phrase assassine. C’est un autre monde en communications. »

Travaillant avec la Société du patrimoine politique du Québec (SOPPOQ), Jean-François Simard, épaulé du professeur Denis Monière, de l’Université de Montréal, a rassemblé les plus grands discours prononcés par l’un des plus brillants orateurs québécois du XXe siècle. Il est d’ailleurs très fier d’avoir travaillé avec le professeur Monière, une des grandes sommités internationales en matière d’analyse des discours politiques.

Jean-François souligne par ailleurs que l’époque de Jean Lesage, c’est aussi une époque où l’État québécois était en construction et où la fonction publique était respectée. « L’éthique en politique voulait dire quelque chose. Il y avait une confiance entre la fonction publique et le gouvernement au pouvoir. »

Bien que plusieurs des discours se retrouvent évidemment dans les archives de l’Assemblée nationale, les deux professeurs ont aussi puisé dans les discours de Jean Lesage lors d’évènements à l’extérieur du parlement, comme des rassemblements de chambres de commerce, les Clubs Richelieu et autres associations, etc.

Le professeur Simard souligne qu’il ne s’agit pas d’une biographie de Jean Lesage, mais bien d’une anthologie avec ses discours en ordre chronologique. « C’est de regarder de l’évolution, dans le temps, de sa pensée politique. Tu vois comment l’idée nationale du Québec émerge, comment elle continue à la suite de Maurice Duplessis. »

D’ailleurs, sur la question nationale, Jean Lesage est en continuité avec la pensée de Maurice Duplessis, aussi surprenant que cela puisse paraître, explique Jean-François Simard. « On est dans un même paradigme d’affirmation nationale. D’une certaine manière, Jean Lesage a mis les mots et les formes sur l’idée que nourrissait déjà Maurice Duplessis. »

 

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Le professeur Simard souligne le contraste entre le Parti libéral de Jean Lesage et celui d’aujourd’hui. L’État était un instrument de développement à cette époque et l’idée nationale du Québec était importante, explique-t-il, tandis que ce n’est plus le cas pour les libéraux d’aujourd’hui. 

Jean Lesage vous parle. Les grands discours de la Révolution tranquille ont été publiés par les Presses de l’Université Laval, le 24 mars 2017, ce qui a coïncidé avec le 150e anniversaire du Parti libéral. Cette anthologie nous rappelle à quel point il est impossible de faire référence à l’architecture contemporaine du modèle québécois sans tôt ou tard faire référence au gouvernement dont il fut responsable de 1960 à 1966. Les écrits de Jean Lesage nous ramènent à la genèse de l’État, force motrice de la Révolution tranquille. Ils nous permettent de revisiter les débats qui ont permis aux Québécois de construire un État moderne, peut-on lire en résumé du livre.

Le professeur Simard a déjà publié des livres sur d’autres figures marquantes de l’histoire du Québec, notamment une anthologie du prêtre dominicain et sociologue George-Henri Lévesque, et les politiciens Camille Laurin et Marcel Masse. Il travaille en ce moment sur une anthologie de Paul-Gérin Lajoie.

Presses de l’Université Laval

 

 

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