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La professeure Marie-Ève Clément collabore au Portrait des tout-petits au Québec

Qu’en est-il de nos tout-petits au Québec ? Dans quel environnement grandissent les enfants âgés de 0 à 5 ans ?

 

L’Observatoire des tout-petits (OTP) a tenté de répondre à ces questions importantes, fin novembre, avec la publication de son portrait 2016. Il s’agit du tout premier portrait présenté par cet observatoire, un projet de la Fondation Lucie et André Chagnon qui a pour mission de contribuer à placer le développement et le bien-être des tout-petits au cœur des priorités de la société québécoise

Ainsi, pour une première fois, des données sur les tout-petits de la province sont regroupées dans un même document pour en faire un portrait exhaustif.

 

 

La professeure Marie-Ève Clément, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la violence faite aux enfants, a contribué à cet important document qui s’appuie entre autres sur ses recherches réalisées en collaboration avec l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) : « Ce sont certaines des données issues de trois enquêtes réalisées en 1999, en 2004 et en 2012. Ce qui est nouveau, c’est que nous avons analysé pour la première fois les données pour les enfants 0 à 5 ans uniquement afin de connaitre le portrait de la situation en ce qui les concerne. »

Le dévoilement de ce portrait a eu lieu à Montréal, le lundi 21 novembre 2016, dans le cadre de la Grande semaine des tout-petits. Le portrait fait état des conditions de vie, des réalités familiales, des facteurs environnements, positifs et négatifs auxquels les enfants du Québec sont exposés.

Lors de la sortie du document, la professeure Clément a été citée dans cet article du Devoir.

Dans l’ensemble, les conditions de vie et les environnements dans lesquels grandissent les tout-petits Québécois se sont améliorés au cours des 10 dernières années, selon les conclusions du portrait. Il y a notamment moins de famille à faible revenu au Québec et une meilleure scolarisation des mères.

Or, il y a un envers à cette médaille : la situation des tout-petits n’est pas si rose à certains autres égards. Les pressions économiques demeurent et les conduites à caractère violent de certains parents demeurent présentes dans la vie de certains tout-petits.

À ce sujet, Marie-Ève Clément précise que ces violences ne sont pas réservées qu’aux familles les plus défavorisées. « Ce qu’on se rend compte, c’est que dans les familles où les parents travaillent, où les mères sont plus éduquées, où le revenu est perçu comme étant moins pauvre, il y a plus de risque de conduites de violence mineure envers les tout-petits comme l’agression psychologique. On associe cela à davantage de stress et aux difficultés liées à la conciliation travail-famille. »

La vie d’aujourd’hui, qui coûte de plus en plus cher, se traduit par un stress sur les parents qui a un impact sur le climat de la famille, qui peut ensuite mener à une forme de violence sur les enfants. Ainsi, l’Observatoire des tout-petits souligne qu’un enfant sur deux de 6 mois à 5 ans est victime de violence physique mineure (punition corporelle).

La professeure Clément souligne également que le fardeau financier, du point de vue du logement, est de plus en plus lourd, le stress au travail augmente, de même que le coût de la vie. Oui, le niveau d’éducation est plus élevé, les revenus ont augmenté, mais le stress augmente aussi.  « À un moment donné, ça déborde et certaines familles n’arrivent pas à concilier tout cela. »

Le Portrait des tout-petits 2016 est un document d’une très grande importance, souligne la professeure Clément. « Ce portrait est très pertinent parce qu’on sait que les impacts sur le développement des enfants sont plus grands si la violence arrive tôt dans leur vie. Les 0 à 5 ans, c’est la petite enfance. Il est important de documenter l’ampleur du phénomène de la violence chez ces tout-petits parce qu’on sait qu’ils en seront affectés toute leur vie. »

 

« Ce qu’on se rend compte, c’est que dans les familles où les parents travaillent, où les mères sont plus éduquées, où le revenu est perçu comme étant moins pauvre, il y a plus de risque de conduites de violence mineure envers les tout-petits comme l’agression psychologique. On associe cela à davantage de stress et aux difficultés liées à la conciliation travail-famille. »

 

Marie-Ève Clément poursuit d’ailleurs sa collaboration avec l’Observatoire des tout-petits sur une analyse contextualisée qui doit sortir au printemps 2017 sur la thématique de la maltraitance et la violence envers les tout-petits. « On est en train de fouiller davantage les données pour les mettre en lien avec les données de la DPJ sur les signalements à la Direction de la protection de la jeunesse. »

Avec ce premier Portrait des tout-petits, le Québec démontre encore qu’il est à l’avant-garde dans le domaine de la petite enfance. « On est distinct à tellement de points de vue et au niveau de la recherche en violence familiale, on est à l’avant-garde, explique Marie-Ève Clément, qui souligne que ses recherches ont impliqué 9 000 parents depuis 12 ans. Ce genre d’enquêtes là, il n’y en a pas ailleurs au Canada. »

« Dans l’ensemble, on peut tirer de ce portrait de bonnes nouvelles et de moins bonnes nouvelles, dit Marie-Ève Clément. Il y a des changements au niveau des mentalités en ce qui concerne l’éducation des tout-petits. Les parents pensent de moins en moins que la punition corporelle est efficace et sont moins en faveur de son utilisation envers les enfants depuis douze ans, explique la chercheuse. »

La moins bonne nouvelle, c’est que les cas de violence très sévère n’ont pas chuté et sont demeurés stables, soit entre 3 et 5 % des 0 à 5 ans. On parle ici d’enfants qui reçoivent, par exemple, un coup de pied, ou un coup de poing, des formes sévères de violence.  « Il n’y a pas eu de changement là. On se demande comment on fait pour rejoindre ces familles-là et quels sont les services qui leur sont offerts. »

Le Portrait des tout-petits 2016 comprend également des données par région, incluant pour l’Outaouais. On y apprend notamment que les tout-petits sont plus nombreux dans la région, mais qu’ils ne vivent pas tous dans les meilleures conditions. (Lire texte d’Info07)

 

Consultez le Portrait 2016 de l'Observatoire des tout-petits

 

 

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Photo 1 : Observatoire des tout-petits (Fondation Lucie et André Chagnon)
Photo 2 : La professeure Marie-Ève Clément, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la violence faite aux enfants