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Module des lettres

Démystifier la traduction

Les sept mythes associés à la traduction

Par l'équipe des traducteurs et réviseurs de Radio-Canada 

 

Vous êtes pressé? Un « brouillon de traduction » fera l’affaire! - FAUX! Marina Bost

Les « brouillons de traduction », ça n’existe pas! Il y a la bonne et la mauvaise traduction. Les traducteurs ont une éthique professionnelle, tout comme les journalistes. Même pressés, nous voulons faire un travail de qualité. Nous ne pouvons pas traduire une phrase sur deux ou rendre le sens du texte à moitié seulement. Tôt ou tard, le traducteur doit se relire et se corriger. Sauter les étapes de la relecture et de la révision ne vous fera pas gagner du temps. Si les lecteurs ne comprennent pas bien votre message, un « brouillon de traduction » ne vous aura pas servi à grand-chose. Si les délais sont raisonnables, qualité peut très bien rimer avec rapidité.

 

Il suffit d’être bilingue pour être traducteur. D’ailleurs, nous traduisons dans les deux langues officielles. - FAUX! Brian Cassidy

Être bilingue, c’est parler deux langues. Point. Quand on y pense, qui parle couramment le français ou l’anglais n’est pas forcément doué pour rédiger des textes ou parler en public dans l’une ou l’autre de ces langues! Pourquoi alors lui prêter des qualités de traducteur ou d’interprète? Même les traducteurs, souvent réputés bilingues, ne peuvent généralement pas traduire dans les deux sens. Nous traduisons toujours vers notre langue maternelle, car nous en maîtrisons toutes les nuances et les subtilités et nous connaissons à fond notre culture. Je pourrais bien tenter de traduire de ma langue maternelle vers ma langue seconde, mais cela risquerait d’être contreproductif. C’est que voyez-vous, j’ai de talentueux collègues francophones qui le feront bien mieux et bien plus rapidement que moi! Mieux vaut m’en tenir à ce que je sais faire!

 

Google Translate ne peut pas remplacer les traducteurs (du moins pas encore). - VRAI! Miguelle Saulnier-Madore

On dit que les ordinateurs, les logiciels et autres outils de traduction automatique vont remplacer les traducteurs… depuis au moins 15 ans. Mais la langue est plus complexe que l’on pense! Pour traduire, il faut réfléchir, se poser des questions et faire des choix. Les outils de traduction automatique ne décodent pas les ambiguïtés, les jeux de mots, les images et les nuances, ce qui donne des résultats comme « Les mouches du temps aiment une flèche » pour traduire l’expression « Time flies like an arrow ». Le traducteur ne fait pas du mot à mot : il traduit d’abord des idées et doit bien comprendre votre message.

 

Pour accélérer le processus, je vais faire la traduction moi-même et vous n’aurez qu’à la réviser. - FAUX! Jonathan Kotcheff

Malheureusement, traduire vous-même accélère rarement les choses. À moins que vous soyez particulièrement doué pour rédiger dans votre langue seconde, il y a fort à parier que votre texte sera criblé de fautes de syntaxe et d’expressions allant à l’encontre du génie de la langue (p. ex., « Je vous donne ce morceau d’information pour aider avec votre projet »). Pour nous, corriger un texte de cet acabit peut être aussi long – sinon plus – que de simplement traduire le texte d’origine. Bref, non seulement vous n’accélérez pas le processus, mais vous consacrerez un temps précieux à faire un travail que nous pourrions faire mieux et plus rapidement. Après tout, c’est notre rôle!

 

Certains mots n’ont pas la même signification en anglais et en français. - VRAI! Myriam Ocio

Le mot le plus proche dans l’autre langue n’est pas nécessairement le bon. Il y a des liens entre le français et l’anglais, bien sûr, mais les deux langues ont leur propre logique. Il faut se méfier de ces mots qui ont l’air de dire la même chose parce qu’on peut rapidement arriver à des aberrations. On peut même dire le contraire de ce qu’on veut dire. Par exemple, en français,supporter quelqu’un veut dire l’endurer, pas lui donner du soutien! La clé, c’est de se poser la question et de vérifier. Autrement, on développe un jargon qui marche peut-être bien dans notre service ou notre équipe, mais qui est déconnecté des autres publics.

 

Un texte qui a demandé trois jours de rédaction en demandera au moins autant pour la traduction. - VRAI! Nicole Pigeon

Il y a tout un processus avant que votre demande atterrisse sur le bureau du traducteur. En gros, il faut évaluer la demande, inscrire le nombre de mots, la passer dans la mémoire de traduction. Je fais une lecture comparative phrase par phrase de votre texte et des résultats de la mémoire de traduction pour voir ce qui peut être repris de nos traductions antérieures. Comme on voit souvent passer plusieurs documents pour un même projet, il faut que la terminologie, les titres et les slogans restent les mêmes. Ensuite, il faut voir la disponibilité des traducteurs selon vos délais. Dites-vous que vos 3 000 mots qui ont demandé trois jours de rédaction ne peuvent pas être traduits en trois heures!

 

Les traducteurs sont des êtres d’exception qui savent tout, tout de suite… - FAUX! André Journault

On pense souvent que les traducteurs savent tout. Ce n’est pas vrai. Certains traducteurs se spécialisent dans un domaine précis comme le droit ou la comptabilité. D’autres sont des généralistes avec une bonne base de connaissances. Personne ne connaît tous les noms des galaxies, des fruits ou des oiseaux. Personne ne connaît non plus toutes les règles et les exceptions de la grammaire sur le bout de ses doigts. Mais nous savons où et comment chercher! Et même si beaucoup de documents nous passent entre les mains, nous ne savons pas tout ce qui se passe dans la Société et ses secteurs. Donnez-nous un peu de contexte avec votre demande, expliquez-nous vos attentes, cela nous est toujours très utile.

 


Source : Blogue institutionnel de CBC/Radio-Canada, www.cbc.radio-canada.ca/fr