Recherche et création
La valeur économique de la biodiversité
La science économique peut-elle devenir la meilleure alliée de l’écologie ? Les bénéfices que nous retirons de l’exploitation de nos ressources naturelles sont nombreux, mais, on le sait maintenant, elles vont finir par se tarir si nous ne prenons pas soin des écosystèmes qui contribuent à les renouveler. Dans ce contexte, il faut des politiques d’aménagement du territoire urbain, forestier et agricole, qui tiennent compte de l’impact positif, à la fois humain et économique, d’une gestion du territoire qui respecte l’environnement et reconnait l’importance de la biodiversité. C’est exactement la mission que s’est donnée le chercheur de l’UQO, Jérôme Dupras, titulaire de la toute nouvelle Chaire de recherche du Canada en économie écologique.
De nos jours, l’urbanisation et le développement des infrastructures publiques se font encore trop souvent au détriment d’écosystèmes naturels et d’une biodiversité qui constituent pourtant des infrastructures essentielles. Le couvert forestier et les zones humides qui retiennent les eaux de ruissellement et freinent les débordements de cours d’eau et la canopée urbaine qui réduit les ilots de chaleurs dans les zones fortement urbanisées sont notamment des exemples qui démontrent bien le genre de services essentiels que nous rend la nature. Des écosystèmes naturels qu’on a malheureusement tendance à éliminer et qui pourtant sont cruciaux pour prévenir ou du moins, minimiser les coûts humains et économiques reliés aux inondations et aux canicules de plus en plus fréquentes.
« La nature et l’environnement nous rendent de grands services et nous en sommes interdépendants, quel que soit l’endroit où nous nous trouvons. Il est donc primordial de repenser nos façons de planifier et de gérer les zones urbaines, forestières et agricoles dans une optique de développement durable. Le problème c’est que la plupart des modèles économiques qui régissent nos sociétés n’ont pas été conçus pour tenir compte de la donne environnementale. Il faut maintenant trouver comment intégrer le principe de gouvernance environnementale dans notre vision du développement économique. Il existe déjà une panoplie de modèles et d’outils à la disposition des décideurs, mais le défi est de les convaincre d’en tenir compte, à l’avenir, dans les processus de décisions, notamment en ce qui concerne le développement du territoire. Il est donc urgent de modéliser et quantifier les multiples bénéfices et services que nous apporte la nature si on veut véritablement influencer les décideurs à entreprendre un virage en profondeur »
Jérôme Dupras
Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique
Avec une équipe d’étudiants-chercheurs qui s’activent au sein du laboratoire d’économie écologique de l’Institut des Sciences de la Forêt tempérée (ISFORT) , Jérôme Dupras a depuis cinq ans, multiplié les projets reliés aux trois axes qui orientent ses recherches : les services écosystémiques (les bénéfices et services que la nature offre), les théories économiques environnementales et la gouvernance environnementale. Pour le seconder dans la poursuite de tous ses chantiers de recherches, le professeur Dupras s’est doté d’un solide réseau de collaborateurs à travers le monde, notamment en Europe, en Australie, au Mexique et en Amérique latine. Un réseau qui s’applique à générer des résultats scientifiques probants et à les diffuser via les médias, dans le cadre de congrès professionnels, de colloques thématiques et de conférences grand public comme l’ACFAS dont l’UQO est l’hôte en 2019.
« On veut faire percoler les approches qu’on propose de façon à influencer concrètement la société, mais surtout les décideurs, car c’est eux qui ont le pouvoir de changer concrètement les pratiques en matière de développement et d’aménagement du territoire. Le concept d’économie écologique devrait s’imposer à la longue comme un modèle économique à suivre. C’est une vision du développement, de l’aménagement du territoire et de l’exploitation écoresponsable des ressources naturelles qui va aussi prendre de plus en plus d’importante dans les programmes universitaires en environnement. C’est déjà chose faite à l’UQO qui est la première université à offrir un cours de baccalauréat dédié à l’économie écologique. Depuis la création de son département des Sciences naturelles en 2013, la volonté de l’UQO a toujours été d’encourager des approches et des projets de recherche novateurs qui nous positionnent avantageusement dans le circuit international de la recherche en environnement », souligne le professeur Jérôme Dupras qui en 2018, a été le lauréat du Prix d’excellence de la relève de l’Université du Québec (UQ).
À lire, un portrait de Jérôme Dupras dans Québec Sciences.
Pour en savoir plus sur l’économie écologique, consulter le site du laboratoire.
À écouter, une entrevue accordée par Jérôme Dupras à l’équipe des Éclaireurs de Radio-Canada (Radio)