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Un succès pour la première journée autochtone de l’UQO

Organisée conjointement par l’amicale autochtone de l’UQO et la Chaire de recherche du Canada sur la gouvernance autochtone du territoire, les activités de cette journée destinée à faire découvrir la culture autochtone ont été suivies par plus d’une cinquantaine d’étudiants et de membres de la communauté universitaire.

La journée a débuté par une cérémonie traditionnelle autochtone suivie par une conférence du professeur Thibault Martin qui a présenté le programme de la Chaire de recherche qu’il dirige. Béatrice Collignon, maître de conférence à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, a présenté une midi-conférence, particulièrement appréciée, sur les Inuit et leur manière de nommer le territoire. L’après-midi s’est poursuivie avec un débat sur les revendications territoriales des Anishnabeg qui réunissait le Chef de Kitigan Zibi, Gilbert Whiteduck, et Mireille Lapointe co-chef de la communauté de Ardoch. Une danse traditionnelle autochtone a clôturé cette première journée autochtone. Les organisateurs et les intervenants autochtones se sont dits très heureux du succès de l’événement et prévoient en faire un événement annuel.

La Chaire de recherche du Canada sur la gouvernance autochtone du territoire du professeur Thibault Martin :

Pour les Autochtones, le territoire représente la « source de la vie », il est le point d’ancrage spirituel et matériel de la culture. Il est lieu de guérison, d’éducation, de socialisation; il incarne le passé, il est l’avenir. Il constitue, en quelque sorte, la « matrice » des sociétés autochtones. Par matrice, nous entendons à la fois la mère (principe de vie), mais aussi le « moule » qui façonne l’individu pour qu’il s’inscrive dans sa société (principe de culture). De la même manière que l’enfant reçoit de sa mère un double héritage, à la fois génétique et culturel, les Autochtones considèrent qu’ils portent en eux l’empreinte « génétique » du territoire, puisque celui-ci les a enfantés et qu’il est le terreau dans lequel germe leur culture. Tout comme l’enfant et sa mère sont de même nature, l’Autochtone est de même essence que le territoire. Cette consubstantialité implique une double obligation, celle de respecter et de protéger le territoire qui donne la vie et celle de transmettre le patrimoine culturel hérité. Il n’est donc pas étonnant que les combats menés par les Autochtones pour retrouver leur autonomie articulent reconnaissance de droits territoriaux et préservation de la culture.


Dépossédés de leurs territoires et ainsi privés des ressources matérielles et symboliques qui portaient leur mode de vie, les Autochtones sont engagés depuis plusieurs décennies dans un processus de reprise de contrôle de leur milieu de vie. La création de gouvernements régionaux constitue la partie la plus visible de cette reconquête. Toutefois, celle-ci ne se déroule pas uniquement au niveau politique ou juridique. Les Autochtones se sont aussi engagés aux côtés d’autres acteurs (municipalités, industries, société civile) dans la « gouvernance » du territoire. Cela dit, les Autochtones ne s’impliquent pas dans la gouvernance de la même manière que les autres acteurs, car, au-delà des considérations économiques et environnementales, leurs actions sont motivées par le désir de conforter l’ancrage dans le territoire des institutions qui supportent leur mode de vie, non seulement celles qui y sont directement liées comme la chasse, mais aussi celles qui pourraient sembler  y être étrangères, telles la santé, l’éducation, les services sociaux. La gouvernance autochtone du territoire ne se résume donc pas à gérer ou cogérer les activités économiques, mais a aussi pour but de fournir un espace qui permet de « guérir », « éduquer »,     « soigner », « se ressourcer » ou « pratiquer sa spiritualité ».


En participant à la gouvernance du territoire, ils cherchent à influencer la manière dont les ressources naturelles sont exploitées et veulent contribuer à la protection de l’environnement. Cela dit, leur implication dans la gouvernance a aussi pour but de conforter l’ancrage dans le territoire des institutions qui supportent leur mode de vie, non seulement celles qui y sont directement liées comme les activités traditionnelles de subsistance, mais aussi celles qui pourraient sembler y être étrangères, telles la santé, l’éducation, les services sociaux. La gouvernance autochtone du territoire ne se résume donc pas à gérer ou cogérer les activités économiques, mais a aussi pour finalité de fournir un espace qui permet de « guérir », « éduquer », « soigner », « se ressourcer » ou « pratiquer sa spiritualité ».


L’objectif du programme de recherche de cette chaire de recherche du Canada est de mieux comprendre la gouvernance autochtone du territoire, en étudiant l’articulation qu’opèrent les Autochtones entre territoire matériel (ressources naturelles et environnement) et territoire social (ressources psychoéducatives et guérison). En somme, il s’agit de comprendre comment les Autochtones agissent sur le territoire afin qu’il continue à produire leur société.

Le professeur Thibault Martin est titulaire de la chaire de recherche du Canada sur la gouvernance autochtone du territoire.